
Annoncée depuis au moins l’automne 2011 en France, l’édition complète de la saga Miyamoto Musashi par le réalisateur Tomu Uchida est finalement arrivée discrètement dans les bacs français début décembre 2014.
Une attente d’autant plus longue que la saga est visible ici dans son intégralité pour la première fois au monde, puisqu’à côté des 5 épisodes centraux (1961 – 1965), un sixième film a été produit quelques années plus tard (en 1970, chez un studio concurrent) alors que son réalisateur était mortellement malade. Les spectateurs les plus intrépides et impatients auront toujours pu dégoter un bootleg tiré d’une vieille VHS américaine recadrée et baveuse. En somme, un idéal de découverte.
TROIS ANS PLUS TARD…
Une attente expliquée par la volonté de l’éditeur Wild Side de réunir ces six films, avec donc, comme obligation, d’arriver à retrouver et négocier ce fameux dernier film. Des échanges qui vont s’étirer sur plusieurs mois entre l’éditeur français et les ayant-droits japonais à cause, notamment, de longues négociation, mais aussi, pour la Toho,du temps nécessaire pour retrouver du matériel de remasterisation exploitable.
En parallèle, les français récupèrent déjà des copies de la saga de base, qui est sortie au Japon au milieu des années 2000 en DVD, dans des versions remasterisées assez propres. Wild Side récupère ainsi chez TOEI des master HD en moyennes conditions : des images qui sautent, des défauts d’usure comme les rayures, des problèmes de son, une colorimétrie qui vire vers le vert, le tout avec une définition d’image très moyenne, liée au type de pellicule utilisée à l’époque.
En bref, il est impératif de nettoyer ces copies en vue de l’exploitation française et avant tout, de leur redonner de la définition et une colorimétrie plus flatteuse et plus respectueuses des œuvres.

Exemples de défauts : des points blancs, une ligne continue, couleur verdâtre… (extrait du “Bulletin Spécial” du deuxième film)
DU NOIR AU BLEU
Cas particulier, la scène du combat de fin de l’épisode 4. Sur les copies japonaises, la scène est tout simplement en N/B… Alors qu’à l’origine, Tomu Uchida a voulu capter les teintes bleutées du crépuscule, marquant une coupure visuelle nette avec le reste de la saga, puisqu’il s’agit d’un tournant majeur dans le chemin personnel de Miyamoto Musashi. Un choix pertinent mais surtout une contrainte de tournage — tourner quelques minutes par jour… L’édition française tente de rétablir cette volonté artistique, redonnant l’aspect bleuté à la scène.L’épisode 6, tourné et monté alors que Tomu Uchida était très malade, pourrait paraître un peu moins abouti que le reste de la saga, mais n’en reste pas moins aussi fort que les autres films de la saga. Il a nécessité plus de travaux, notamment du fait de son statut particulier d’inédit total en DVD.
SOUS-TITRER
Enfin, pour le sous-titrage français, Wild Side propose comme d’habitude sur leurs éditions de classiques de tous nouveaux sous-titres. Ils ont travaillé du coup directement à partir du japonais, évitant de partir d’une traduction existante (anglaise par exemple), forcément source d’imprécisions ou d’anachronismes. Traduire, c’est en effet aussi interpréter et adapter des éléments culturels de manière à les rendre compréhensibles auprès d’un public français “moderne”. Prendre tout le contexte du Japon féodal et ses subtilités pour les rendre les plus limpides possibles.
Et maintenant ? Reste à se (re)plonger dans l’histoire de Miyamoto Musashi pour découvrir une version moins éducolrée et plus riche que celle avec Toshiro Mifune ! Pour en savoir plus sur la saga de Tomu Uchida, découvrez ce portrait vidéo !
Merci à Benjamin Gaessler & Brigitte Dutray pour ces renseignements !