Avant de parler du nouveau Phoenix Wright – oh la la j’ai hâte, je viens de le finir, c’est tout plein de bonheur avec de vrais morceaux de bon jeu sans grand gameplay, rep a sa David Cage – faut absolument que je rattrape les quinze du fond qui étaient sur une autre planète cette année ou qui, plus simplement, ne sont pas otakus. Si vous n’êtes pas particulièrement fans de cultures nichées/barrées/les deux, cet univers est pour vous. Regardez, je mets en gras n’importe quoi, comme un article naze de Melty parmi d’autres. Et vous, qu’en pensez-vous ?
Vous avez aimé Cowbow Bebop ? Panty et Stocking ? FullMetal Alchemist ? Bien sûr, tout le monde aime FMA. C’est un anime suffisamment universel et qualitatif pour être apprécié par chaque personne qui s’y penche. Et là, attention, je pose le gros postulat qui tâche : s’il n’a peut-être pas eu la chance de le saisir, l’Attaque des Titans aurait pu avoir le même succès à moyen et long terme. Ça peut éventuellement encore venir mais une diffusion en france pourrait aider un peu, à la manière de la Sainte Kaz pour FMA, de retour en 2005. Pourquoi comparer ces deux séries ? Elles ont plein de choses en commun, dans l’histoire comme dans le méta. Notamment en genre, personnages, grosses ficelles codifications, même succès d’estime, méga succès commercial au japon, etc. En France, le manga est publié depuis cet été. D’ailleurs, Shingeki No Kyojin (c’est le nom japonais) était la grande star de cette Japan Expo, chaque année il y a toujours un shonen qui émerge dans les stands, les cosplays ou les gens qui hurlent des spoilers en conférences. L’adaptation en anime va bientôt avoir un an, était la star du printemps dernier et est tout à fait matable légalement sur Wakanim. Y’a l’embarras du choix pour un univers plus que chouette qui, validation ultime, est adorée du fandom. Quand, six mois après, Tumblr est encore inondé par la même série, c’est qu’il y a un truc qui cimente le tout.
Le train de la hype est passé depuis perpète mais il n’est jamais trop tard ! L’Attaque des Titans sera l’anime de 2013 pour pas mal de gens (Kill La Kill est un challenger potentiel mais on ne saura pas où il nous mène avant 2014, paaaas de chance) et ça se picore sans fin, un épisode par jour avant de se coucher, c’est terriblement addictif. SnK – Shingeki No Kyojin donc, késsadire ? Je vais baser ma critique sur l’anime. En fait, le postulat est aussi simple qu’efficace. Vous avez déjà lu ce roman de Swift qui a donné ce film pourri avec Jack Black ? Les gens « aiment bien » l’histoire de Lilliput, ils la dérivent et la parodient à l’infini. Dans ce roman, les géants débarquent et sont tous de suite mis à l’amende par les Lilluputiens (qui, en passant, n’étaient qu’un peuple barré parmi d’autres) – bref, dans SnK, c’est exactement l’inverse. Le plus grand est la menace.
Nous sommes donc vers 850 après on-ne-sait-quoi, dans un univers alternatif. On se retrouve dans un postulat vaguement Moyenâgeux où tout le monde maîtrise une technologie compliquée à base de gaz et de vapeur. Cette technologie, c’est la « tridimensionnalité », un engin sophistiqué qui permet de voler en s’accrochant un peu partout. A des arbres, ou, par exemple, un mur. Ca tombe bien, toute l’humanité est planquée derrière un énorme mur circulaire… planquée des Titans, des humanoïdes crétins de cinq, sept, quinze mètres, dont le seul objectif est de bouffer des humains. C’est même pas un besoin vital, ils font ça par conditionnement, par réflexe, par plaisir, ils ont même l’air de kiffer ça, pour preuve cette dégaine effroyable qu’il tirent quand ils mutilent des bras et des jambes humaines. Bref, un jeu du chat et de la souris super anxiogène et perdu d’avance. Dans le reste du monde, le danger mortel, les survivants sont derrière trois murs concentriques. Maria, Sinnah, et Rose – c’est le nom des murs. Tout au centre, le roi et son état major. Voilà pour le point de départ ! Il ne s’est rien passé depuis 100 ans, pas le moindre souci et…
Un titan de soixante mètres débarque près premier mur. C’est du jamais vu, c’est pas sensé se produire, avant que tout le monde puisse piger ce qu’il se passe, il casse d’un coup de pied les protections à la base du mur et laisse entrer les autres titans. Pour eux, la notion d’intelligence était alors exclue. L’un d’entre eux va bouffer la maman d’Eren Jaeger, un jeune ado qui va – sans surprise – dévellopper une haine des titans et s’engager dans l’armée. « Voici leur histoire », comme dirait l’autre. Eren, c’est le héros du bouzin. Un vrai personnage de shonen : un peu bousillé à l’intérieur mais avec une détermination en acier trempé. Il est accompagné par Mikasa, une action girl qui va tous nous enterrer – une sacré nana au passé difficile, mais aussi d’Armin, la réincarnation directe d’Alphonse Elric. Eux trois vont rentrer dans le corps d’armée local, le dernier espoir de l’humanité, subdivisé en trois sections : les brigades spéciales qui protègent le roi, l’infanterie qui fait régner l’ordre et qui agit en cas de souci près des murs – et les éclaireurs, qui partent en expédition au delà du mur, dans une mission ouvertement suicide. Transposé à notre monde, ça donne la garde Suisse, la gendarmerie et les expéditions sans retour vers Mars.
Sans trop vous spoiler les premiers épisodes – il y en a 25, ce n’est qu’une première saison qui ne couvre qu’un pan canonique du manga – on nous présente Eren, on le voit s’inscrire à l’armée, suivre cette formation de trois ans puis combattre les titans – qui redéboulent à point nommé près du deuxième mur. Résumé en une phrase, c’est ça, mais les choses sont évidemment bien plus compliquées et fluctuantes. Il faut voir ça comme une zombie apocalypse où, et c’est presque paradoxal, il y a un peu plus d’espoir. Les zombies apocalypses, quand elles ne sont pas tournées en dérision, ne se terminent jamais bien. Il ne se passe pas de miracle, tout le monde y passe, point. Ça part donc pas super bien pour Eren & Co.
Mon rôle est donc de vous prouver que c’est un anime plein de qualités. Ne serait-ce que dès le générique, devenu mémétique en un rien de temps. Il paraît qu’il marche avec n’importe quelle vidéo. Perso, je préfère le deuxième. Plus épique, avec des plans incroyables, une émotion folle, des plans cools en 3D… même chose pour le deuxième ending. J’aurais aimé avoir 25 autres épisodes rien que pour deux autres sets de génériques. Exactement comme FMA, d’ailleurs.
Et c’est ça le truc gagnant avec SnK, tout est bien fait et surtout bien codifié. L’univers est crédible, on rentre dedans sans souci et il se développe tout seul. Les murs, le culte autour d’eux, l’angoisse des habitants, les corps d’armée, le graphisme autour de tout ça, la tronche des titans, la science autour d’eux… vous voyez le genre, les pistes à exploiter sont nombreuses et c’est toujours fait. Les eyecatchs compriment des histoires de fond, à la Death Note. Quand c’est pas placardé à la figure façon FF XIII, c’est toujours une bonne idée. C’est un plus, surtout dans un anime qui, pragmatiquement, ne laisse pas beaucoup de place à ses personnages – forts nombreux.
Alors les persos, parlons-en. Ils se regroupent tous autour et dans l’armée locale. On ne les « rencontre » pas beaucoup, ils sont nombreux, on se souvient à peine de leurs noms, il faut faire un peu gaffe. Quand on voit un personnage mourir et qu’on est pas sensé savoir s’il fallait être attaché à lui ou non, c’est embêtant. Y’a donc ce trio de base, puis sept autres soldats, le « top 10 de la promo », des tronches et des caractères divers. Y’a Levi, le nain ténébreux toujours ronchon, qui fait gémir les ménagères. Y’a cette nana qui étudie les Titans mais qui exprime un peu trop d’excitation à leur égard, etc etc. Tout un casting varié, intéressant. Casting qu’on va voir dégrossir, bien sûr. Les Titans bouffent les humains, c’est toujours sadique et dégueulasse, et quand ça touche « plus proche de la maison », tu le sens passer. Cet anime sait te transmettre les pires émotions, c’est fou. Les persos se retrouvent dans les pires situations, le font savoir, on est avec eux et on en chie avec eux. Ca arrive de temps en temps. On compare souvent SnK avec Game Of Thrones, dans le sens où « tout le monde meurt tout le temps ». Bon, ce n’est vrai ni dans l’un ni dans l’autre, mais ça marche par phases. GoT est quand même plus sévère avec ses persos (mais c’est un univers beaucoup plus étendu, alors j’imagine que le produit en croix fait sens)
Enfin bref, la comparaison se tient. Les personnages sont bien traités par l’univers mais très maltraités par le scénariste.
Le rythme, c’est une autre histoire. L’anime n’est jamais chiant mais il perd un peu son temps, parfois. Quand on voit un bataillon de personnages voler dans les bois pendant quatre épisodes de suite, difficile de pas penser à Naruto et ses étirements improbables. C’est pas du Kaiji mais c’est un peu inégal de ce coté là.
On dit souvent que le dessin est moche. Je pense qu’il faut davantage se défaire de ce préjugé car c’est lui et seulement lui qui va nous aider à le voir tel quel. Les premières pages du manga ne sont pas très heureuses mais potables et tout le monde dit que ça s’améliore très vite. Un peu comme Soul Eater, donc. L’anime reprend les traits du dessin original et sort un peu de la marge – moins lisse, moins rond, moins kawaii, fatalement. Ça correspond bien avec l’ambiance de la série !
Enfin, est-ce qu’il y a des plots twists ? Oui mon gars, y’en a plein ! Et pas que des morts froides et crues ! Le premier gros truc tombe très rapidement, je vous l’épargne mais difficile d’y couper aujourd’hui. Tout l’anime est construit autour d’un mystère – avant de disparaître dans la nature, le papa d’Eren lui a donné la clé de la cave, où la solution à tout ce bordel pourrait se trouver. Pas de bol, c’est comme si il avait été catapulté à 500 kilomêtres à la seconde près. Kekiya dans la cave ? On le saura jamais. En tout cas, pas dans cette saison. La toute dernière seconde de l’anime comporte un twist un peu cosmique mais super violent et dingue, de quoi redistribuer un peu les cartes. L’anime se change un peu en whodunnit vers la fin et il va falloir être attentif ! Tout tourne autour des titans et de leur biologie. Du coup, on ne peut pas les laisser se défendre à perte comme ça pour toujours, du coup, il va y avoir quelques power-ups pour les humains là et là, mais shh. Tout ça va nous donner du body horror bien dégueulasse et nous démontrer, par exemple, comment peut-on protéger ses copains avec sa cage thoracique.
Bref, un anime alpha, complètement maîtrisé, à l’univers fascinant ET super addictif. Watamote, Danganronpa, tout ça c’était bien cool à leur sauce mais ça donnait pas envie de se précipiter sur les mangas ou sur Etsy. Je recommande à fond, en manga ou en anime, à votre convenance. L’anime doit s’arrêter au tome 8, quelque chose du genre. Y’a donc pas mal de rab à découvrir.
L’attaque des titans est le plus sexy des univers moches.