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nd on est gamer, on a des dizaines d’occasions d’être déçu quand on découvre un jeu. On a quasiment que ça, en fait, quand on y pense. Les trailers et autres extraits de gameplay dévoilés par les commerciaux plusieurs mois avant la sortie d’un jeu jouent tellement la surenchère qu’ils n’hésitent pas à promettre largement plus que ce qu’il en sera. Si bien que même les jeux qui s’avèrent très bon entrainent quelques déceptions (parfois majeures, n’est-ce pas Far Cry 4 et Watch dogs ?). C’est parfois un peu décourageant, mais c’est devenu routinier, on finit par modérer nos attentes, même si les images paraissent extraordinaires. On y croit plus trop, en fait, on devient sceptique…
Et puis, il y a un type de jeu qui de temps en temps bouscule cette lassitude. C’est le jeu dont on n’attendait rien et qui ne cesse de surprendre. C’est Wolfenstein New Order, dont on n’espérait qu’un shooter gentiment bourrin et un peu creux, basant sa réussite commerciale sur son seul nom et qui disparaitrait un mois plus tard dans l’oubli. Que nenni ! New Order n’avait rien promis, il nous a tout offert !
William Blaskowitz est un soldat luttant durant la seconde guerre mondiale contre l’oppression nazie. Au cours d’un assaut décisif contre le Boucher, un chef nazi expérimentant sur les prisonniers de guerre façon Mengele, l’un de ses coéquipiers est torturé et tué devant ses yeux et Blasko ne survit que d’un fil, plongeant dans un coma de 15 ans.
Il ne se réveillera donc qu’en 1960, pour découvrir que les Allemands ont gagné la grande guerre, ont fait capituler les Etats-Unis et dominent le monde grâce à une avancée technologique impressionnante à base de super soldats, de robots chiens et autres Méchas. William a assez dormi, il est temps de retrouver la résistance et de se battre.
L’univers respire la série B par ses thématiques et la gueule de ses personnages, mais elle sublime le genre en approfondissant correctement ses personnages, en soignant les cinématiques (à la VF impeccable !) dont les dialogues résonnent facilement dans les esprits. Les situations sont souvent bourrines et un peu farfelues, mais le traitement reste de dimension très humaine et ne manque jamais de placer quelques détails rattachant la situation à la réalité.
Les coupures de journaux innombrables relatant les avancées technologiques abracadabrantes des nazis de façon très rationnelle et officielle, une ancienne amie soldat paralysée des deux jambes qui fait tout pour continuer à se battre, un soldat prenant soin d’un énorme trentenaire à l’âge mental de 6 ans à cause d’une blessure à la tête comme s’il était son fils, un amour tendre de Blaskowitz envers l’infirmière qui l’a aidée durant tout son coma (dont le côté fleur bleue n’empêche pas une scène de cul rapide, sans puritanisme et sans sexualisation exagérée non plus, très réelle donc, ça fait plaisir). Bref un univers riche et généreux auquel on ne s’attendait pas du tout et qui gère parfaitement son ambiance.

le Laser permet de basculer en mode chalumeau pour découper grillages et plaques fines de la façon que vous voulez^^
Niveau gameplay, c’est assez basique dans le fond. Quelques armes bien grosses et bien puissantes, et la possibilité de toutes les porter en akimbo, même les plus énormes, pour l’aspect série B jouissif dans le défouraillage. Et c’est le level-design qui fera la reste, multipliant les situations où on peut se la jouer infiltration à coup de pistolet silencieux ou de tranchage de jugulaires au couteau. L’approche n’est donc pas si bourrine que ça. On se surprend très souvent à préférer avancer doucement en frôlant les murs, et en se basant sur un simple compteur métrique indiquant la distance nous séparant de l’ennemi. Mais pour la direction, à nous de nous débrouiller, et impossible de voir à travers les murs.
On avance donc à pas de chat, grâce à une jouabilité convaincante, butant du nazi sans bruit jusqu’au moment où une erreur (ou une volonté du level-design) révèlera notre position, et où on basculera naturellement sur des armes lourdes pour faire voler un max de cervelles, de bras, de jambes, et autres anatomie facilement détachable à coups de chevrotine.
La difficulté est plutôt bien gérée hormis un pic ou deux, et le challenge est au rendez-vous dans les modes plus élevées. De plus, la gestion de la vie à l’ancienne consistant à ramasser des médikit plutôt qu’à respirer un grand coup change nos habitudes et oblige à adapter notre façon de jouer.

Il y a eu un léger level-up graphique depuis le premier opus… (le premier niveau du jeu d’origine est d’ailleurs jouable durant un cauchemar, marrant !)
Et la notion de level-up du personnage ne se fait pas à coups de points de compétences à attribuer comme c’est le cas depuis longtemps dans les jeux. Ce sont nos actions qui valident des défis et augmentent des capacités associées. Par exemple, tuer quelques gardes de façon furtives au couteau augmentera le nombre de couteaux que l’on peut porter. Idem pour les capacités d’attaques, de visée, de maniement des armes et des explosifs, etc… De cette façon, le level-up se fait de façon inconsciente et naturelle, au fil du jeu, et s’adapte à notre façon de jouer. Très bien vu.
Wolfenstein New Order est donc un jeu qui vaut franchement le détour. Certes, il lui manque un petit quelque chose d’aura pour traverser les âges et réellement marquer les esprits, mais les défauts sont bien rares, et les qualités ne cessent de pleuvoir au fur et à mesure du jeu. C’est clairement le fruit de développeurs de talents, qui ne peut que surprendre le joueur en bien, et ça, c’est assez rare pour ne pas le snobber, et peut-être même espérer une suite prolongeant cette aventure à la fin un peu abrupte.
