Le projet Anime Mirai a certainement connu sa plus belle volée en 2013. On avait droit à un joli coup d’essai du studio Trigger avec Little Witch Academia tandis que Madhouse nous présentait une intrigante partie de billards. Je vous refais le pitch. Deux hommes sortent d’un ascenseur et s’asseyent à un bar. Ils ne savent pas comment ils sont arrivés là et le barman leur annonce qu’ils vont devoir participer à une partie de billard où leur vie sera en jeu. Tous deux ignorent qu’en réalité ils sont déjà morts et que cette partie sert à définir qui suivra le chemin de la réincarnation et qui sera plongé dans le néant.
Death Billiards était un court métrage plutôt sympathique dont le style ne m’avait pas laissé indifférent. Les couleurs mauves et sombres du bar Quindecim dont la vitrine s’avère richement fournie en alcools en tous genres, la classe excentrique du barman et ses explications cérémonieuses, la vague de folie qui s’empare des personnages durant la partie sans oublier quelques scènes d’animation débridée qui en mettaient plein la vue. Et surtout, ce petit doute qui nous rongeait quand arrivait le moment du jugement et le retour à l’ascenseur. Une année plus tard, le studio nous annonce la diffusion de Death Parade en 12 épisodes. Histoire de visiter d’autres types de jeux que le billard. La série a rencontré un certain succès.
Le scénariste n’a malheureusement pas été fort inspiré et s’est perdu en route. Je m’attendais à voir 12 épisodes construits sur le même canevas : deux clients, un jeu, un jugement. Un peu à la façon de Jigoku Shoujo, avec inévitablement des épisodes qui marquent plus que d’autres. Cela aurait aussi rappelé une vieille série, Bartender, où à chaque épisode le barman présentait le cocktail en adéquation avec les états d’âme de son client. Le premier épisode donne l’impression que Death Parade va suivre ce petit bonhomme de chemin et le show, suffisamment riche en émotions, augure du bon pour la suite, toujours avec ce petit doute qui accompagne la décision de l’arbitre au moment de rejoindre l’ascenseur. L’épisode suivant montre que la série se focalisera sur l’assistante de notre imperturbable barman, la gothique lolita qu’il n’a pu se résoudre à faire participer au jeu.
Un choix regrettable mais qui permet d’en savoir un peu plus sur toute la société qui régit la vie après la mort, sur ceux qui dirigent le rituel, sur le devenir des hommes condamnés au néant et sur la façon de traiter la mémoire des gens. On s’intéresse donc à la famille que forment tous ces agents de la mort, ceux que l’on voit bizarrement danser durant le générique d’ouverture. Et l’on constate que si tout ce petit monde réfléchit sur des questions existentielles fort intéressantes comme la pertinence du jugement et les règles sous-jacentes, la façon dont les parties sont truquées pour stimuler les participants, leur situation n’évolue pas d’un iota.
La grande force de Death Parade demeure dans ces parties qui opposent les clients du bar. Depuis les coulisses, d’étranges marionnettes assistent à la scène tandis que d’autres pendues par les pieds servent à dissuader les clients trop pressés de partir. On appréciera également le design des « plateaux de jeu ». Une fois le jeu déterminé à la roulette, les stands de fléchettes, couloirs de bowling et autres machines arcades entrent en scène dans un fracas spectaculaire. Très souvent les cibles ou les objets de tir représentent les organes des participants, histoire de rappeler que c’est leur vie qu’ils jouent. Les clients sont volontairement placés dans une situation précaire, poussés dans leur dernier retranchement afin de réveiller leur côté obscur. Quand la mort approche, on laisse ses instincts les plus noirs se libérer et cela n’échappe pas au regard de l’arbitre.
Un canevas vraiment cool et évocateur, que j’aurais volontiers vu se répéter douze fois de manière sensiblement variée plutôt que de suivre les aléas d’une assistante guère charismatique. Un bon divertissement quand même.
7/10
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