Je n’ai pas encore parlé de cette saison d’hiver 2015 qui a démarré depuis maintenant bien 3 semaines. Pas mal diront qu’elle est peu originale ou convaincante, comme pas mal d’hivers en animation japonaises, d’autres se contenteront de leurs suites et saisons 2, très nombreuses en effet cette année. Pourtant, parmi les nouveautés, s’est dégagée une petite trouvaille sympatoche dont je vais vous parler (et en plus, c’est un anime original, tiens ; même si j’ai cru lire que des adaptations manga avaient commencé fin 2014) rapidement ; pas forcément en termes qualitatifs (seulement 2 épisodes sont passés), mais plutôt sur un espèce de rapport qui s’amorce entre l’anime et un sujet qui me touche pas mal et que vous commencez à connaître : la musique.
Aujourd’hui, on va donc un peu évoquer Rolling Girls et sa musique ensemble !
Rapide tour d’horizon quand même, pour ne pas partir dans l’inconnu, vu que ce n’est pas non plus la série la plus connue du moment. Rolling Girls, c’est le nouvel anime de Wit Studio, studio qui fait un petit truc dont vous avez peut-être entendu parler, qui s’appelle L’Attaque des Titans, en 2013. Il s’agit de leur premier original, c’est écrit par Yasuyuki Muto (déjà sur le script de Persona -trinity soul-, Afro Samurai,Body Transfer, Bible Black et Basilisk ; changement de genre assez radical !), et réalisé par Kotomi Deai (réal de Silver Spoon 2, et assistant sur Kids on the Slope). Il raconte, en gros, dans un Tokyo post-guerre civile, et en proie à des conflits internes entre préfectures désignant chacune des chefs (les Mosa) qui se battent entre eux avec une foule de supporters (justement nommés les Mobs), les aventures de 4 filles au milieu de ces batailles locales. J’en dirais bien plus, mais après 2 épisodes difficile d’être précis. Et outre son synopsis assez tordu, la particularité de la série est d’être extrêment bonne au niveau de la forme : super bande-son, visuels colorés et très jolis, avec un dessin simpliste mais bien exploité (dans une veine assez Yozakura Quartet, Sekai Seifuku ou Kill la Kill), et animation très très bonne et fluide. Bref.
Je ne saisis pas forcément pourquoi (si c’est juste un délire artistique ou bien scénaristique), mais Rolling Girls, en plus d’avoir eu 2 épisodes très cools pour le moment, a un gros rapport avec la musique, notamment rock et punk. Et c’est évidemment pas pour me déplaire. Rien de bien folichon ou révolutionnaire non plus là-dedans, mais ça me donne l’occas d’en parler un peu par l’exemple ! Ca va être assez rapide, mais rien que ça, ça peut vous montrer que derrière un anime, on peut deviner des semblants d’intention, d’envie ou de motivation artistiques à des petits détails de production qui n’ont rien à voir avec le visuel.
A commencer par les génériques ; jusque-là, ceux de fins sont sucrés par de vrais passages d’histoire, mais la musique y est présente. Dans les deux cas, ils sont chantés par le casting des 4 héroines (les Rolling Girls en question), et les 2 reprennent à leur sauce (avec une instrumentation assez fidèle, mais évidemment un chant plus light et modernisé, mais assez pêchu quand même) des standards du punk japonais des années 80 et 90, chantés d’ailleurs pour le même groupe : les Blue Hearts. The Blue Hearts, c’est l’un des groupes de rock les plus populaires du Japon (également l’un des plus controversés ; en même temps, faire du punk au Japon, c’était de base assez osé), et probablement l’équivalent des Buzzcocks ou autres Ramones pour nous occidentaux. Actif seulement 10 ans[1], et plutôt sur le tard de la vague punk mondiale[2] (de 1985 à 1995).
Le groupe a eu son heure de gloire, autant pour ses controverses (des chansons contre l’industrie nucléaire alors que le label est associé avec Mitsubishi, des crachats sur les caméras de plateaux de télé, l’utilisation de mots historiquement tabous à l’époque en japonais, …) que ses nombreux singles qui ont atteint le haut des charts, au point de sortir en EP aux Etats-Unis. On retrouve d’ailleurs pas mal de leurs chansons dans la culture populaire nippone, que ce soit dans les machines à karaoké, ou les jeux vidéo, comme Osu! sur DS, ou encore le génial Guitar Freaks de Konami.
Finalement, assez rares sont les séries utilisant des hits locaux. On a déjà vu quelques fois des classiques pop ou rock occidentaux servir (les endings de JoJo’s Bizarre Aventure, tour à tour Yes, The Bangles et Pat Metheny, Mushishi et ses openings de folk indépendants, Speed Grapher et son OP de Duran Duran…), mais pas plus. D’autant plus que la vidéo du générique d’ouverture consiste uniquement en nos héroines, chantant le générique sur scène, chacune à un instrument, devant une foule monstre et dans une ambiance ultra colorée ; avec une animation géniale, évidemment. Une autre preuve que la musique est vraiment un trip généralisé dans le staff.
Sinon, il arrive parfois que des références à la musique populaire soient faites dans les animes : rappelez vous de Kill la Kill, et son bon milliard de références à des films des années 70 et 80 (notamment tout le premier générique de fin), mais aussi à la musique : chaque titre d’épisode est le titre d’une chanson japonaise, piquée dans la bibliothèque de Kazuki Nakashima, auteur de la série. Même chose avec Eureka Seven, ou pour parler de manga, GTO Shonan 14 Days et Drifters. On peut même aller jusqu’à évoquer Kanon (la vraie, 2006) qui utilisait un mot de musique classique différent à chaque titre d’épisode. Et bah vous savez quoi : Rolling Girls n’y échappe pas. Les titres des 2 premiers épisodes sont chacun des noms de chansons de, je vous le donne en mille… les Blue Hearts ![3]
Je trouve toujours sympa ce genre de détail (est-ce vraiment du détail, à ce niveau-là ?), le tout sachant que rien n’a l’air de parler de musique dans cette série, donc j’ai juste la vague impression de voir des fans se lâcher complètement, probablement comme les animateurs vu la qualité visuelle de la série. Des séries qui se lâchent sur la musique, c’est déjà arrivé, mais c’étaient surtout des séries qui parlaient déjà de musique : Kids on the Slope, ou même Shigatsu wa Kimi no Uso en un sens. Après, on peut trouver des ovnis comme Samurai Champloo et Cowboy Bebop, mais leur bande-son était faite pour coller au cadre créé pour le scénario. C’est à moitié le cas ici, mais il reste à percevoir et faire le lien entre le punk des années 80 et un monde futuriste coloré. Mais c’est tout l’art d’une bande-son : coller à la série qu’elle illustre, mais aussi avoir une identité propre assez remarquable pour se faire apprécier.
Tiens, à propos de l’OST justement, c’est pour moi la meilleure de la saison pour le moment, avec un mélange parfois mais toujours énergique de rock et de punk, parfois léger, parfois barré, le tout en captant l’esprit de la série, et toujours bien utilisé. Un bon exemple, est cette scène de combat, avec en fond, encore une reprise chantée par le quatuor des Rolling Girls. Bah vous savez quoi ? C’est une reprise. Des Blue Hearts. Encore.
Je pense que ça vous fait assez d’arguments pour être convaincus. De regarder la série ? Pas sûr. Mais d’aimer la musique quand vous regardez un anime ? Ça, je l’espère.
Et puis tiens, The Rolling Girls, c’est un bon titre de chanson ça, en plus de coller à l’anime. Je connais déjà « The Rolling Man » qui est sympa…Ah tiens, ça aussi c’est… une chanson des Blue Hearts :)
Bonne soirée.
[1] Anecdote cocasse : le groupe suivant (les High-Lows), composé de 3 membres des Blue Hearts, a aussi duré pile 10 ans avant de se séparer. Le 3ème, avec plus que 2 membres originels, dure depuis… 9 ans ! Courage aux « Cro-Magnons », nom de ce 3ème groupe.
[2] Pour les non-initiés, le punk a duré en gros du début des années 70 jusqu’au milieu des années 80, puis est revenu dans les années 90 avant de se transformer en des genres plus modernes avec le pop-punk d’un côté, et le post-hardcore de l’autre.
[3]« King of Rookie » (1993) et « Sekai no Mannaka » (1996)
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