Lorsque je rattrape des anciennes séries, c’est toujours assez délicat de ne pas rester cantonné aux mêmes genres. Je finis souvent par regarder en parallèle une série plutôt sérieuse, ou calme, et un truc bien neuneu à côté. Inutile de vous dire que c’est surtout la 2ème catégorie qui réserve les surprises les plus… YuYuShiki-esques du lot. Et puisqu’il n’y a, selon moi, aucun autre moyen de parler de mon voyage dans ces terres teintées de pages Wikipédia, de chats, de jeux de mots et de yuri sans raconter un peu en détail mon avis sur cette série, voilà de quoi vous éclairer (et, qui sait, peut-être vous motiver à le regarder) sur ce quasi-OVNI (Objet Visuel Non-Identifié), parmi les plus crétins que le Japon a pu nous offrir ces dernières années.

Même les midcards n’ont aucun sens, mais elles sont jolies et me servent à donner le départ de cet article, tel un Lakitu des grands soirs.
Fiche technique :
- Studio : Kinema Citrus (Tokyo Magnitude 8.0 (avec Bones), Code:Breaker, plus récemment Black Bullet et Barakamon)
- Réalisateur : Kaori (seule grosse oeuvre ; co-réalisation sur Oshiri Kajiri Mushi 2)
- Oeuvre originale : Manga 4-koma de Komata Mikami
- Épisodes : 12
- Licencié aux Etats-Unis chez Sentai Filmworks (et nulle part en France, à ma connaissance !)
Yuyushiki est d’autant plus étrange que malgré toutes les bizarreries dérivées de slice-of-life concernant un groupe de files qu’on a pu voir fleurir ces dernières années, il s’en démarque complètement, et joue tellement sur le côté excentrique, loufoque, voire lourd et crétin de ses personnages pour raconter des chroniques quotidiennes qui arrivent à être surréalistes, le tout en gardant un fond assez permanent de crédibilité : le fameux effet « tout ce que vous avez toujours voulu faire sans jamais l’avouer ».
Car c’est bien ça le principe de base. En gros, vous êtes Yui, nouvelle entrante au lycée. Un peu radine. Timide. Presque froide, mais appréciable et parfois rieuse. Et vos meilleures potes, amies de longue date, ce sont Yukari, fille de riche famille totalement crédule, tête-en-l’air, simplette et attachante, et l’extravagante Yuzuko, humoriste (mais plutôt Gustave Parking ou Chevalier et Laspalès qu’Alexandre Astier ou Pierre Desproges, si vous voyez ce que je veux dire) obsédée, borderline machiavélique et surtout complètement déconnectée du monde réel à longueur de journée.
![[unCommied] Yuyushiki - 03 [BD 720p AAC] [7E675664].mkv_snapshot_10.53_[2014.11.15_23.51.54]](http://yosteravenue.files.wordpress.com/2014/11/uncommied-yuyushiki-03-bd-720p-aac-7e675664-mkv_snapshot_10-53_2014-11-15_23-51-54.jpg?w=440&h=247)
De gauche à droite : Yuzuko, Yukari, Yui. On remarque déjà certaines nuances. (PS : [YURI INTENSIFIES])
En tant que Yui, vous allez donc passer quelques épisodes à supporter vos 2 potes, que ce soit pour réfréner leurs envie de toucher les seins de leur prof préférée (qu’elles appelleront Maman pendant toute la série, soit dit en passant), ou d’empêcher d’envoyer des photos louches de vous à des amies plus distantes. Sauf que rapidement, vous vous prenez au jeu et vous vous retrouvez quand même à rire à leurs âneries, parfois en tant que spectateur « intelligent », puis carrément en tant qu’acteur des blagues, tellement coincé dans le caractère imprévisible et excentrique des discussions lancées par Yuzuko et Yukari.
Pire : vous avez un club pour ça. Le fameux Club de traitement de données, dont l’utilité réelle ne sera finalement jamais révélée, et qui est simplement le lieu d’action principal à l’école pour vous 3, et dont l’activité suit un schéma très précis qui pourtant ne se rouille jamais : un mot est lancé au pif (souvent, par Yukari), ou par une autre discussion absurde précédant la séance du club, et s’en suivent des recherches Google et Wikipédia, amenant des anecdotes scientifiques ou culturelles (toutes vraies !) sur tous les thèmes possibles, souvent biologiques ou astronomiques. Mais Dieu sait que Yuyushiki n’est pas un anime éducatif, et cela se sent clairement à l’exploitation de ces anecdotes : toutes amènent à des histoires comiques, permettant simplement d’exploiter le potentiel infini d’imagination de Yuzuko et Yukari – à votre grand désarroi. Ou alors, simplement de vous montrer à quel point l’esprit de 2 adolescentes peut être scotché par la nature.
Voilà. Une vie paisible – mais pas trop -, parfois même troublée par les personnages secondaires (et tous féminins, eux aussi), tous géniaux dans leur progression : de spectateur lambda troublé par le trio magique, la plupart vont s’avérer être tout aussi excentrique, mais sans jamais se recouper l’un sur l’autre, laissant apparaître une variété de caractères tout aussi enclins à taquiner Yui.
Car comme le dit si bien un de ces personnages secondaires, résumant parfaitement le déroulement de la série : « Je sais pas pourquoi, Yui, mais j’ai l’impression que n’importe qui qui te voit a envie de te taquiner ». Et une fois les dégâts constatés après 12 épisodes, je confirme : la pauvre.
Le côté cynique de Yui marche super bien, et je me suis souvent retrouvé à compatir avec elle tant mes réactions auraient été similaires aux siennes, et tant ce côté la rend adorable et indispensable à la survie de tout l’effet comique et bizarre de la série.
Le niveau de stupidité de Yukari et Yuzuko atteint souvent son paroxysme, et je finis même par me demander où l’auteur a été piocher tout son bordel tellement c’est tiré par les cheveux dans le délire. Des exemples ? Yukari qui se prend pour le système solaire, et qui hurle de peur d’avoir perdu la Terre en s’arrachant un cheveu. Ou Yuzuko qui provoque un fou rire général rien qu’à l’utilisation du simple « patate ». Oui, ça part très loin.
Finalement, peu de personnages, mais ils sont tous très cadrés et progressivement utiles, particulièrement la fameuse Maman qui se découvre évidemment un rôle similaire à celui de son surnom pour ses 3 pauvres étudiantes à gérer (notamment sur les nombreuses tentatives d’attouchements menées par Yuzuko et Yukari).
![[unCommied] Yuyushiki - 08 [BD 720p AAC] [C58B9E66].mkv_snapshot_00.44_[2014.11.21_16.19.20]](http://yosteravenue.files.wordpress.com/2014/11/uncommied-yuyushiki-08-bd-720p-aac-c58b9e66-mkv_snapshot_00-44_2014-11-21_16-19-20.jpg?w=440&h=247)
Aikawa (2ème en partant de la gauche) est adorable de simplicité, et est un peu la « Yui » de l’autre groupe de filles présent.
C’est aussi en ça que c’est différent : c’est finalement plus une comédie qu’un slice-of-life, mais les ressorts comiques sont bien plus réalistes que tous les autres animes comiques typiques (au hasard, pour citer ce que j’ai pu voir dernièrement, Cromartie High School ou Nichijou) : ils sont tous basés sur des discussions, des interactions typiques entre lycéennes, le plus souvent sur des jeux de mots (fantaisistes ou non, sensés ou non), des tics de langage, ou simplement sur du vent. Mention spéciale aux multiples fausses crises de nerfs de Yuzuko pour soumettre sa prof à diverses choses, toutes improvisées et simulées.
Et surtout : c’est DRÔLE. Ultra-crétin la plupart du temps, mais le facteur « surprise » marche à un point pas possible. L’anime a ses moments de faiblesses, notamment vers la fin, mais pour peu qu’on supporte les personnages (surtout Yukari et Yuzuko), c’est juste un déluge de fun crétin et relationnel, occasionnellement complété pas des références culturelles ou des moments de blanc magnifiques.
Accessoirement, avis aux fans du genre : les curieuses allusions sexuelles de Yuzuko, Yukari et même d’autres persos (heh, c’est un seinen après tout) rendent une bonne partie de l’enrobage digne un manga yuri. N’y cherchez aucune romance, mais niveau ambiguïté, ça se pose bien (en témoigne la pauvre Yui, qui n’en croit d’ailleurs jamais ses oreilles devant tant de subtext). J’imagine que c’est assez similaire à YuruYuri sur ce point.
De façon assez surprenante, la forme est également assez dingue. Kinema Citrus a fait (comme souvent) un boulot de fou sur l’animation, et comme je l’avais dit sur Twitter après avoir commencé le visionnage, on peut résumer la série en disant que le studio a mis un peu de fric dans une encyclopédie ou un employé qui traine sur Wikipédia, de l’humour de Chevalier et Laspalès, et que tout le reste du budget a été utilisé pour l’animation. En résulte un anime coloré, très joli, ultra fluide, le tout en restant très fidèle au manga d’origine. Ce qui en fait une belle pastille sucrée ultra-agréable à regarder. La forme des visages peut dérouter au début, mais le reste est épuré mais soigné, très expressif et collant parfaitement à l’esprit de la série. Du coup, ça pouvait paraître anecdotique, mais Kinema Citrus a très bien joué le coup là dessus.
La soundtrack est assez mince, comme dans beaucoup de tranches de vie. Beaucoup d’effets sonores sont des classiques recyclés, mais sont plutôt bien utilisés, d’une manière similaire à des bons vieux cartoons. Les génériques sont simples, mais efficaces. Pas forcément mémorables, tout aussi colorés que la série, et pas forcément aussi « barrés » que la série laisserait paraître : l’Opening pourrait même vraiment être l’OP d’une comédie romantique yuri, honnêtement ! Mais ça s’enchaîne plutôt bien, et les visuels bénéficient eux aussi de la qualité technique évoquée plus haut ici.
Voilà, Yuyushiki c’est un peu tout ça. Une comédie sous LSD, teintée de slice-of-life dramatique crétin et réaliste, touchant à la fois au côté curieux de n’importe quel adolescent, et aussi au côté relationnel (et plus si affinités, vous l’aurez compris) primordial à cet âge. Sauf que ça, la série le fait avec les 3 persos les plus expressifs possibles : une narcoleptique, une hyperactive, et une blasée.
La série n’était pas exempte de défauts (quelques problèmes de rythme, notamment, ainsi que de redondance de situations), mais elle est diablement efficace si on s’y fait, et vraiment bien emballée envers sa cible. C’est donc après un visionnage non regretté que je vous recommande de l’essayer, si vous êtes du genre à avoir apprécié des choses comme Joshiraku, Kiniro Mosaic, Cromartie High School ou YuruYuri ; vous devriez pouvoir l’adopter. Et si ce n’est pas le cas… je pense être à même de le comprendre aussi, tant la série peut être stupide et simpliste, et que l’heure n’est pas forcément aux animes superficiels, même dans la comédie, et même dans le « tranche de vie ».
Je ne ressortirai pas le sempiternel « il faut débrancher son cerveau pour regarder Yuyushiki « – rassurez vous, les persos l’ont déjà fait à votre place. Simplement que c’est une bonne détente à qui s’en tient aux simples artifices de la comédie, sans vouloir à tout prix chercher plus dedans.
Car une comédie superficielle peut être plate. Et s’il y a bien un truc que Yuyushiki m’a fait comprendre à toutes les sauces… c’est qu’être plate, c’est pas cool.
(7.5 / 10)
[BONUS : parce que c’est clairement un anime à screenshots, en voici quelques autres pour vous témoigner du ton qui règne dans cette série. A la prochaine !]
Fond musical de cet article : Hello Sleepwalkers – « Getsumen Hokou«
Images utilisées :
- Screencaps divers de Yuyushiki
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