Malgré le fait de n’avoir pas fait Metro 2033 à l’époque de sa sortie, je lorgnais depuis un moment sur sa suite, Metro Last Light. Son ambiance sombre, le mélange entre science-fiction et affrontements humains très réalistes dans un métro post-apo a de quoi faire briller les mirettes. Et la gratuité du Ps+ a fini de me tenter. C’est parti pour la survie en monde hostile et claustrophobe.
Et au bout d’une heure ou deux, les qualités ne cessent de pleuvoir. L’ambiance graphique et sonore est de qualité ( les doublages VF beaucoup moins) et l’univers fourmille de détails et de bonnes idées. On sourit en réalisant par exemple que le résumé des objectifs n’est pas un simple menu, mais un calepin qu’on doit éclairer pour pouvoir le lire, que les armes étant devenues denrée rare, certaines sont modifiées pour fonctionner au gaz, et que les munitions sont la monnaie en vigueur dans les sous-terrains. On se plonge dans l’univers en croisant au hasard d’un ghetto un homme faisant la classe à des enfants et essayant de leur expliquer ce que sont une vache, un oiseau ou un chat, et ces derniers s’en extasient comme s’il s’agissait de créatures issues de contes et légendes.
Beaucoup de bonnes choses qui témoignent du souci du détail des concepteurs et de la passion dans le développement du jeu.
Et puis les heures s’enchaînent… et ce sont alors les défauts qui s’accumulent. Et même certaines des précédentes bonnes idées deviennent à l’utilisation des défauts. Déjà à cause d’un gameplay assez catastrophique. Si les sensations de tir sont au rendez-vous, on est vite agacé par l’interface ultra-laborieuse du HUD qui accumule les choses peu utiles et surtout peu explicites. Eclairer son journal pour lire les objectifs ? Bonne idée ! Mais pourquoi devoir appuyer sur sélect pour passer en mode journal, puis sur R1 pour lever le journal devant nos yeux, puis appuyer sur haut pour allumer le briquet ? C’est lourd, c’est chiant, et ça gâche toute spontanéité. On dirait des petits détails, mais ils sont nombreux et gâchent franchement l’immersion. Les menus ne sont pas clairs et divisés en un menu d’objets dont je n’ai toujours pas compris l’utilisation de certains, et un menu d’arme dont je n’ai toujours pas compris la ligne du haut… en bref, c’est le contraire même de l’ergonomie.

les Sombres ont un look sympa et une thématique intéressante, mais je ne m’y suis attaché à aucun moment…
Les armes sont aussi au final bien peu intéressantes, et je n’ai toujours pas compris si on peut re-remplir le gaz de son arme où si elle est juste bonne à changer, alors qu’il nous restait plein de munitions. Le masque à gaz crée une ambiance étouffante en se salissant ou se brisant sous les assauts, mais la visibilité devient catastrophique et le bouton servant à l’essuyer ne change quasiment rien. De ce fait, les phases en extérieur sont très brouillonnes. On erre sans trop savoir où l’on va, ni ce qui nous blesse, et on ne profite absolument pas de ce monde dévasté qui aurait pu être splendidement glauque. C’est juste agaçant. De plus, le level-design est d’une banalité franchement tristounette, ce qui ne relève pas l’intérêt de l’exploration.
Et ne parlons pas des bugs techniques qui immobilisent sans raison des ennemis en plein geste, font clignoter des PNJ, nous bloquent dans notre avancée ou font tout simplement freezer la console.

une des villes sous-terraines située dans les canaux des égouts est baptisée Venise, en l’honneur d’une ville du monde d’avant.
Même l’histoire ne m’a absolument pas convaincu. Car si le postulat de départ est intéressant : le héros de l’humanité qui a détruit la race Alien qui dominait la surface dans le premier épisode se rend compte que ces derniers ne cherchaient qu’à survivre et va donc essayer de se racheter en aidant le dernier Sombre vivant à convaincre les humains qu’ils peuvent vivre en paix. Mais la narration se noie dans des histoires politiques entre néo-russes et néo-nazis, des histoires de traîtrise et de complot dont on se fiche assez royalement tout simplement parce qu’on ne se sent jamais investi en tant que personnage. Bon, pour leur défense, je sais que mon goût personnel fait que j’accroche de moins en moins aux héros qui ne parlent jamais. Mais c’est un style qui a clairement ses limites et qui n’a plus vraiment lieu d’être de nos jours, à mon avis, à de rares exceptions près. Ne pas voir ni entendre son avatar empêche de s’y identifier, et Metro Last Light en est un bel exemple. Les quelques choix moraux m’ont laissé de marbre et je me fichais royalement de ce qui pouvait arriver à Artyom, ainsi qu’à l’enfant Sombre d’ailleurs, à cause de sa VF horripilante.

Caché après une filature, je viens d’apprendre une révélation qui risque de changer la vie de tous les habitants du métro… alors pour fêter ça, je paye une meuf pour onduler le boule… logique !
Et les tentatives pour rendre le personnage humain sont grossières et pathétiques. Je pense notamment à la scène où on se retrouve caché pour espionner deux soldats, et qu’on baillonne une prostituée pour l’empêcher de trahir notre position… et que cette dernière enchaîne en nous proposant une lapdance. Pas de soucis, on reste là à mater alors qu’on était en phase d’espionnage. J’ai rien contre cette thématique des prostituées qui se prête parfaitement à un jeu comme GTA, car il est logique que le personnage mafieux use de ces plaisirs, et ça aurait pu être aussi le cas pour Artyom, un homme seul dans un univers délabré qui cherche un peu de réconfort. Mais pas comme ça. Pas de cette façon abrupte et pas logique pour deux sous. Ce passage dans le bar à hôtesse n’est alors plus qu’un prétexte pourri pour objectifier quelques nanas, histoire de flatter la libido du joueur mâle. Pas d’ambition, pas de finesse. Que des maladresses…
C’est donc avec pas mal de déception que cette aventure que j’attendais comme intéressante et immersive s’est vite transformée en avancée laborieuse, agaçante et sans aucune sensation de plaisir. Passé la seconde moitié, allumer la console pour finir le jeu me faisait même l’effet d’une corvée, ce qui m’a du coup empêché d’apprécier le début de relation entre Arthyom et le Sombre, et leurs errances dans la mémoire d’un monde dévasté, une thématique qui aurait pu être intéressante, si elle avait été bien mise en valeur. Des détails comme à l’ensemble du jeu, je voulais de bonnes sensations, je ne garde que du négatif. On tourne la page, et on passe à autre chose…
Le trailer en images réelles a des allures de court-métrage franchement intéressant et faisait envie.