No-Bra est un shônen réalisé par Kenjiro Wakatsu, seule œuvre du mangaka connue en France. Edité par Akito Shoten en 2002 au Japon et Taïfu Comics dès 2004 en France, No-Bra a tout comme le précédent manga que j’ai chroniqué (Hana Kimi) un lien avec le travestissement. Présenté comme une comédie romantique légèrement érotique, No-Bra tient-il vraiment toutes ses promesses avec seulement 5 tomes à son compteur ?
Il fallait bien commencer quelque part…
2004 est l’année de démarrage de Taïfu Comics, petit nouveau parmi les grands qu’étaient Tonkam, Kana ou autre Pika Editionà l’époque. Les Japonais étant durs en affaires, il était peu probable qu’une grosse maison d’édition cède ses droits à un nouvel arrivant. Il fallait donc trouver des titres alliant à la fois de bons scénarios, dessins, tout en étant relativement courts pour limiter la casse au niveau des tirages.
C’est ainsi que débarquent Gonta ! (manga de boxe en 5 tomes), Go And Go (manga de baseball à succès au Japon) ainsi que No-Bra, tous issus du magazine Akita Shoten (éditeur entre autres du célèbre Black Jack de Tezuka, ou encore de Baki). On peut supposer que le succès a été au rendez-vous car Taïfu comics a usé de la même formule pour sa seconde année d’existence en publiant Heaven Eleven (manga humoristique sur le football) ou encore Anima + (en 10 tomes). On ne suppose plus quand on voit sur Manga Sanctuary que la série est possédée par plus de 800 personnes : au ratio et en comparant, c’est comme si un lecteur de Love Hina sur 8 possédait la série.
Le synopsis de No-Bra a de quoi attirer à la fois le lectorat habituel et les néophytes du genre : une histoire courte, teintée d’érotisme avec de l’humour. Le petit plus : le fait que l’héroïne soit un garçon, histoire de maximiser des situations plus cocasses les unes que les autres. 2004, c’est aussi l’année où explosent les manga de type Harem, avec en fer de lance Love Hina de Ken Akamatsu.
Le but de l’éditeur est donc judicieux : voguer sur la mode naissante du Harem en proposant tout simplement son Love Hina-Like. Après 10 ans d’existence et des bombes comme Akumetsu, Cobra et tous ses titres Yaoï, Taïfu Comics a su tirer son épingle du jeu et imposer au fur et à mesure des années son catalogue hétérogène. Seul petit inconvénient : No-Bra est insipide à souhait.
Le Love Hina du pauvre
C’est l’histoire d’un lycéen lambda en chemise hawaïenne, Kataoka, auto-proclamé le dernier des derniers. Ce surnom lui va à ravir, car on a peu de choses à envier à ce héros auquel des adolescents sont censés pourvoir s’identifier. Kataoka n’est pas que lubrique et moche, il est aussi nul à l’école et dénué de toutes qualités… Et ne venez pas me dire « mais si, il est gentil », sinon je vous baffe.
Alors qu’il attend de recevoir son nouveau colocataire qu’il présume être un homme, c’est une jolie jeune fille qu’il rencontre à la place : Nomura Yûki. Je vous le mets dans le mille : il s’agit en effet d’un travesti qui va émoustiller notre pervers au plus haut point, partagé entre son hétérosexualité et les pulsions sexuelles que son voisin de cambre lui procure.
Evidemment, tout le monde n’y verra que du feu (nous sommes dans un manga après tout) et le petit manège de Yûki durera cinq tomes. Quelques personnages plus barbants les uns que les autres viennent se greffer à cette histoire déjà peu crédible : l’obèse Hidepon au grand cœur, le professeur Mizuki qui va carrément vivre chez son élève car endetté et enfin la fille aux gros nibards et intello du lycée qui flashe sur ce minable de %!€#.
Malheureusement, même le petit arc se centrant sur la véritable identité de Kataoka n’a que peu d’intérêt: on est pas dans MPD psycho hein. Les histoires se suivent et se ressemblent sans jamais mériter pour autant de retenir l’attention. D’autant plus que le dessin du mangaka est tout simplement moche : erreur impardonnable de physionomie avec des bras et des jambes aux longueurs improbables, des yeux ou des oreilles mal cadrés, ect…
Le seul intérêt ? Les scènes de « sexes » peut-être ? Même pas, c’est franchement mal mis en scène, vulgaire et sans aucune subtilité. Du cul pour du cul, désolé mais à moins d’être un hentaï, la formule ne prend pas… Ou alors il faut aussi bien dessiner que Kentaro Yabuki. No-Bra est un vulgaire erzatz de ce qui se fait de mieux en harem, mais en nul. La série aura au moins eu le mérite de lancer Taïfu Comics, qui a fort heureusement enrichi son catalogue depuis. Je ne peux que vous conseiller de ne pas vous attarder comme je l’ai fait sur cette lecture, au synopsis trompeur. Je lui donne un soutif sur 10 et encore je suis cool.
/ 10
