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Paoru.fr - Adekan : beautés et laideurs éphémères

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Adekan

Après vous avoir parlé de Spice and Wolf et avoir fait gagner quelques tomes de Samidare, il reste un membre du catalogue Ototo que je veux vous présenter plus  en détail depuis quelques mois : Adekan, de Tsukiji Nao, qui était notre concours le mois dernier.

Cette série aux couvertures soignées mettant en avant de beaux éphèbes ne semblait pas me concerner, mais des avis positifs – comme celui de l’ami Mackie, ici – m’ont incité à me lancer dans la lecture des 4 tomes actuellement disponibles en France. Ce fut une bonne surprise.

Adekan, aka Kôkan Shijiki Adefuki, a été créé en 2008 par Tsukiji Nao et il est toujours en cours depuis, dans les pages du Wings, un magazine de la maison nippone Shinshokan. Cet éditeur est peu connu chez nous mais a connus de beaux moments en publiant RG Veda et Tokyo Babylon, il y a plusieurs années. Plus récemment on peut aussi citer Immortal Rain, arrivé chez Doki Doki dans l’hexagone.

La série compte aujourd’hui 6 tomes au Japon et le 5e volume arrive le 20 juin prochain en France. Regardons ça de plus près !

Adekan

Rencontres dans les bas-fonds…

« Faire régner la paix et l’ordre dans les rues, telle est ma mission ! », voici la devise numéro 1 de Kôjirô Yamada. Ce jeune lieutenant de police aussi fougueux que rigoureux est entièrement dévoué à son travail. Il est prêt à remuer ciel et terre afin que justice soit faite, que les innocents soient sains et saufs et que les coupables croupissent derrière les verrous.

C’est au cours d’une investigation qu’il croise le chemin de Shirô Yoshiwara, un vendeur de parapluie désinvolte… et tout le temps débraillé. La rigueur et le sang bouillonnant de Kojirô vont curieusement compléter la nonchalance de Shirô pour former un duo d’une efficacité redoutable contre les crimes les plus étranges et sordides des bas quartiers.

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Kôjirô prend rapidement Shirô sous son aile, bien décidé à éduquer ce jeune homme aux mœurs dissolus car il perçoit chez lui beaucoup de gentillesse mais aussi un énorme potentiel, nappé d’un voile de mystère. En réalité Shirô est un combattant hors-pair – un maître d’armes même -  ancien membre d’un clan obscur et sans scrupule, prêt à tuer et à manipuler pour obtenir ce qu’il veut. Ce regroupement d’hommes cruels et de malfaiteurs domine dans le secret certains quartiers peu fréquentables de la ville. Notre expert en lames a quitté les siens pour des raisons inconnues mais son ancien compagnon, Anri, est bien décidé à la ramener parmi eux.

En plus de son incroyable beauté, Shirô est peut-être la clé qui permettra de venir à bout de la mystérieuse maladie qui gangrène son ancien clan. Mais Shirô sait se défendre et Kôjirô sera évidemment là pour le protéger… S’il veut bien, enfin, arrêter de se balader tout le temps à poil !

Adekan : le royaume de l’illusion

Adekan_03_JaqSi ce titre commence à se faire connaître c’est avant tout pour son graphisme, qui a quelque chose d’envoutant. Fidèle à ses couvertures chatoyantes, sensuelles ou fleuries, ce manga possède donc un visuel des plus foisonnants : costumes, décors, découpage, mise en scène et enfin chorégraphie font objet d’un soin impressionnant de son auteure, qui nous fait plonger au cœur de véritables toiles où rien n’est laissé aux hasards, et que l’on peut contempler pendant de très longues minutes. Le titre n’a pas gagné le prix Manga Sanctuary du meilleur dessin pour rien, et les nombreux mois qui séparent chaque opus ne sont donc pas utilisés en vain.

Néanmoins si ce titre se contentait de s’offrir uniquement à la contemplation de son lecteur, il n’est pas certain que je vous en parlerai aujourd’hui… Car la beauté des lieux, tous plus enchanteurs les uns que les autres, côtoient la pauvreté, la noirceur, la cruauté, la jalousie et le sadisme. De la même façon que des quartiers pauvres et populaires sont parfois le terreau permettant la floraison de nombreux artistes, les bas quartiers d’Adekan brillent par leur antagonisme entre deux surenchères : celle de la beauté en façade et de la laideur dans les cœurs.

Le lecteur va donc naviguer entre deux extrêmes en découvrant des décors surprenants, des tenues envoutantes, des éphèbes troublants mais aussi des meurtres, une grande déchéance, des tourments sans fin… Entre beauté et laideur tout comme entre folie et génie la frontière est parfois mince et Tsukiji Nao joue avec de nombreuses illusions pour ensuite surprendre son lecteur : des femmes magnifiques portent un maquillage en réalité morbide, une maison enchanteresse fabriquée uniquement de boites est en fait une prison, des actrices immensément populaires préfèrent s’enfuir dans la folie plutôt que d’affronter le spectre de la vieillesse…. Tout est trompeur dans Adekan, et les enquêtes de Kôjirô et Shirô sont ponctuées sans cesse par de nombreux rebondissements.

Ces affaires sociologico-policières se succèdent donc sur 1, 2 ou 3 chapitres, et mettent en exergue le narcissisme, la convoitise, la jalousie, la peur ou encore la cruauté dans un univers aux allures d’Edo mal-famé. La police représentée par le preux Kojirô est d’une efficacité variable, menant parfois à bien des enquêtes mais souvent ignorante des lois invisibles de ce monde obscur, où Shirô déambule beaucoup plus facilement que son ami le policier. En détaillant progressivement la toile de ce monde mystérieux et des clans qui le régissent, la mangaka étoffe son récit tout en multipliant de nouveaux mystères : qui sont ces chefs de clans, quel est leur but et quelle est cette maladie qui les ronge ?

adekan - planche  Adekan_planche_3

Enfin, dernière dualité et ambiguïté d’Adekan : l’érotisme et l’humour. En adéquation avec les couvertures de la série, l’ouvre recèle d’hommes au torse nu et à la musculature impeccable, dont les bagarres prennent parfois des allures de jeux libertins à la limite du rapport sexuel. Kôjirô, l’homme viril de la situation, tente toujours de s’en défendre mais les quiproquos le mettent souvent dans l’embarras et les réactions de son entourage sont une bonne source d’humour.

Tsukiji Nao est une femme qui ne manque pas d’imagination et de fantasme et elle joue avec les limites du yaoi sans y mettre les deux pieds, pour ne pas se couper d’une certaine partie de son lectorat. On se doit de noter tout de même la lascivité très (trop ?) présente dans le troisième volume, aux limites de l’érotisme gay. Mais la plupart du temps on s’amuse de ces situations, qui constituent un running-gag sympathique pour le lectorat masculin, pendant que le féminin pourra, lui, se rincer l’oeil.

Adekan

Adekan est donc un titre beaucoup plus complexe qu’il n’y parait, qui recèle de nombreux atouts scénaristiques et visuels en enchevêtrant la beauté des graphismes, des personnages aux décors, à la laideur de l’âme humaine et à la noirceurs d’une cité des plus inquiétantes…Comme ce fut le cas pour moi et pour nombre d’autres lecteurs, je vous conseille donc de franchir le pas et d’essayer les deux premiers tomes pour voir si, finalement, ce titre intriguant ne pourrait pas vous plaire !

Fiche descriptive

Adekan_1Titre : Adekan
Auteur : Tsukiji Nao
Date de parution du dernier tome : 20 juin 2013
Éditeurs fr/jp : Ototo / Shinshokan
Nombre de pages : 192
Prix de vente : 7.99€
Nombre de volumes : 5/6 (en cours)

ADEKAN © TSUKIJI NAO Originally published in Japan in by SHINSHOKAN CO., LTD.

Pour vous faire un avis, le trailer est disponible ici.


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