Glass no kamen (ou Glass Maskà l’international), shôjo manga composé actuellement presque 50 volumes, est l’oeuvre de Suzue Miuchi. Si le manga est toujours en cours de publication depuis 1976, deux séries tv (en 1984 et 2005), une série d’OAV (1998) ainsi qu’un drama en deux saisons (1997) ont été réalisés, preuve de son succès.
Et en France ? Nous avons eu droit uniquement à la série de 1984 par Eiken, elle est composée de 23 épisodes. Déclic images avait sorti un coffret VOST sous le nom de Glass Mask, qui n’est plus édité de nos jours. Je parlerai donc du dernier coffret paru sous le nom de Laura ou la passion du théâtre (nom français utilisé lors de la diffusion chez nous).
Cette édition propose donc la VOSTF mais aussi VF d’époque, avec quelques passages coupés en VOSTF dont la scène d’introduction et le dernier épisode « Ma Maya » durant 9 minutes, en fait un épisode résumé, mais étant légèrement différent des faits montrés dans la série.
Suivant qu’on lance l’épisode en VO ou VF, le générique change (ouf), et les sous titres utilisent les noms français lors des passages coupés. Il est donc impossible de changer de langue à la volée.
J’ai testé la VF sur le premier épisode, et je ne sais pas si ça vient de mon ordinateur, mais lors de la toute première scène, les sous titres passaient de Maya à Laura une fois sur deux, c’est assez perturbant. Le coffret contient un livret sur la série, les personnages et les différents rôles de Maya et Ayumi, à lire après avoir vu la série. Un joli coffret suivant la présentation de la collection nostalgie de l’éditeur. Je n’avais aucun souvenir datant de la diffusion française, donc pas de fibre nostalgique à la vision des dvd, c’était vraiment de la curiosité.
Glass no kamen raconte donc l’histoire de Maya Kitajima/Laura Nessonier, jeune fille de 13 ans assez classique, pas particulièrement belle ou intelligente, devant travailler avec sa mère dans le restaurant en bas de chez elles, afin d’avoir des revenus pour vivre. Sa grande passion dans la vie ? Le théâtre, uniquement le théâtre, au point qu’elle en oublie ses livraisons.
Un jour, madame Tsukikage/de Saint-Fiacre, une ancienne actrice, la repère. En effet, elle voit son potentiel et espère faire d’elle son élève afin qu’elle puisse prétendre au rôle de la Déesse écarlate, dans la pièce du même nom. En effet, madame Tsukikage, unique actrice ayant eu ce rôle dans le passé, possède les droits de la pièce et refuse de les céder, estimant qu’elle seule est capable choisir la future interprète.
Dans cet anime, on suit donc le destin de Maya, poussée à quitter sa famille afin de se consacrer à sa passion, encouragée par le mystérieux homme aux roses violettes (qui deviendront pourpres dans la traduction des derniers épisodes humhum). On suivra aussi sa rivale, la jeune actrice Ayumi Himekawa/Sidonie Lecuyer, produite par le groupe Talents/Ondine, dirigé par le calculateur Masumi Hayami/Maxime D’Arcy (ça me fait penser à une histoire d’orgueil…), qui sera prêt à tout afin d’avoir les droits de la Déesse écarlate. Le masque de verre du titre original renvoie au masque que portent les acteurs quand ils entrent dans un rôle, un masque fragile cachant la véritable personnalité de l’acteur et pouvant se briser facilement, la magie du théâtre étant que le spectateur ne s’en rend pas compte.
Bon, l’anime n’est pas tout jeune, mais je trouve l’image des dvd tout à fait regardable dans l’ensemble. Ce qui m’a le plus choqué, c’est certains éléments du scenario. Par exemple, dans les premiers épisodes, Maya quitte sa maison, durant la nuit, sans prévenir sa mère. Et, étrangement, on n’a aucune nouvelle de cette dernière avant un bon moment ! Depuis quand on n’appelle plus la police quand une gamine de 13 ans disparait sans prévenir ? La réaction de madame Tsukikage est complètement surréaliste: pour elle, Maya doit oublier qu’elle a une famille afin de se consacrer à sa carrière ! Maya continue sa vie et tout d’un coup elle pense à sa mère et se dit « oh je n’ai pas de nouvelles de ma maman », ce qui est un peu normal vu qu’elle s’est enfuie; elle pleure, on se dit qu’elle va chercher à renouer… mais en fait elle l’oublie à nouveau pour 10 épisodes.
Certains coups fourrés de Talents sont vraiment gros, genre la presse ne s’en rend pas compte tellement c’est louche, et bien non (et je crois que « porter plainte » n’existe pas). Les metteurs en scène dirigent à peine les acteurs, ils ne sont pas contents de la manière dont Maya joue dans leur pièce, mais c’est à eux de la diriger non ? Quant à la dernière pièce où l’actrice principale se rend compte qu’elle a du mal à la suivre, euh elle a zappé les répétitions avec Maya ou quoi ? Voilà, il y a quelques passages peu crédibles, mais au final ça m’a fait surtout sourire. A noter que certaines incohérences du début ne sont pas du tout présentes dans le manga d’origine.
Les musiques ne m’ont pas particulièrement marquée, mais ça restait discret et écoutable, je n’en demande pas plus. Dans les pièces jouées, on y trouve de tout, aussi bien Les quatre filles du docteur March que des contes ou romans japonais avec par exemple Takerukabe ou encore des inventions comme Un sourire de pierre.
Chaque arc se focalise sur une pièce en particulier, comme dans le manga, on suit donc les répétitions, tout en se demandant comment Maya va réussir à s’imprégner du rôle. Là aussi, petite déception, on ne suit quasiment que Maya, et lors de la représentation, j’aurai aimé en voir un peu plus. Ce problème semble réglé dans l’adaptation de 2005 (qui va beaucoup plus loin, davantage de volumes étant sortis à cette époque). Là où le manga reste plusieurs volumes sur une seule pièce, ça va bien plus vite, mais pas trop non plus, être trop fidèle au manga pourrait rendre le tout indigeste je pense.
Cette série m’a un peu fait penser à Hikaru no go, surtout dans sa relation avec sa rivale. Hikaru et Maya sont des débutants, un mentor va déceler leur potentiel et les entrainer. Akira/Ayumi, rivaux du personnage principal, sont déjà entrainés depuis des années grâce à leurs parents évoluant déjà dans ce monde et leur rivalité avec le personnage principal est remplie de respect et d’amitié.
Mis à part quelques petites incohérences, j’ai vraiment passé un bon moment en compagnie de Maya et j’espère que le manga se terminera un jour afin d’en avoir une adaptation complète, même si le drama a une fin approuvée par l’auteure. Si l’anime de 1984 appuie sur la passion de Maya, le manga, les OAV et la série de 2005 insistent sur son don d’actrice, ce qui est différent. Au final une série sympathique, mais n’ayant pas vraiment de fin, en tout cas j’ai replongé dans les années 80 pour mon plus grand bonheur. Je conseille cette série aux acharnés ou aux nostalgiques, la version de 2005 étant bien plus complète. Commencer par les OAV afin de se faire une idée peut être pas mal vu qu’ils ne couvrent que le tout début.
Quant au manga, je dois avouer que c’est long à lire, et c’est difficile de rentrer dedans (graphismes vieillissants), mais une fois la phase d’adaptation passée, on est absorbés par l’histoire et les personnages. Là où l’anime était assez sérieux, on peut voir des passages humoristiques complètement décalés par rapport au sérieux de l’histoire, et ça fait du bien de temps en temps (c’est pas tout le temps joyeux). Comme dit plus haut, certaines choses sont mieux expliquées et moins ridicules que dans la version de 1984, comme le début de l’histoire. C’est long à lire mais ça vaut le coup, même si j’ai trouvé certains passages vraiment trop longs, car chaque pièce aide Maya à améliorer son jeu, on peut donc en voir vraiment de très longs passages. En espérant que l’auteure termine un jour son œuvre car après avoir modifié plus de 2000 pages prépubliées qui ne lui plaisaient plus, elle a recommencé à dessiner et en 2009, elle a annoncé vouloir conclure son histoire, peut être au volume 50,mais on n’a plus trop de nouvelles depuis…