Le premier Portal avait été pour moi une expérience assez inégale. Pour tout dire, je l'ai récupéré lors de ma première installation de Steam durant une opération de promotion où Valve le refilait gratuitement. Après y avoir joué une petite heure, j'avais stoppé ma progression à la 15ème salle lassé devant un niveau qui me résistait, trouvant le jeu sympathique mais loin d'être exceptionnel et surtout doté d'un univers qui ne me faisait pas vraiment marrer.
Ce n'est que quelques années plus tard et principalement poussé au cul (le breton est têtu) par des gens de qualité que j'ai repris mon voyage chez Aperture Science. Et j'ai beaucoup mieux apprécié cette seconde tentative de l'expérience Portal car la dernière partie du jeu permet enfin de mieux comprendre l'univers décalé et piquant dont la fin est une conclusion épique et bien vue. Je suis toutefois resté réticent à pas mal de trucs comme l'humour du jeu qui fait mouche 1 fois sur 2 pour ma pomme ou le fait que résoudre les salles/énigmes me lasse assez vite. Mais bon, l'un dans l'autre, je ne regrette finalement pas les quelques heures passés sur le premier Portal. Je me suis donc lancé dans sa suite avec enthousiasme car j'étais vraiment curieux de savoir ce qu'allait donner la licence avec les moyens d'une « vraie » production. Et plutôt qu'une simple démo technique, j'ai eu droit à une réelle démonstration du talent des gens de chez Valve.
Connaître son sujet de test
Welcube back !
Très rapidement après l'avoir commencé, on s'aperçoit que Portal 2 est ce que Portal aurait dû être dés le départ. En effet, pas question pour le jeu de nier son vénérable ancêtre et on est vraiment là en présence d'une suite assumée avec clins d'œil incessants à Portal et surtout un véritable approfondissement des délires et de l'univers. Aperture Science is back et ça se sent. Cet inscription dans la lignée n'empêche pourtant pas ce jeu d'être construit comme un véritable Portal 2.0 avec un changelog assez impressionnant. Ainsi, le jeu est plus beau, plus rythmé, plus fou, plus complet, plus poussé, plus tout quoi. Mais avant de rentrer dans les nouveautés de l'univers, revenons un peu à la base de Portal : son gameplay.
Concernant ce sujet, cette suite n'innove pas grandement. On navigue toujours, Portal Gun au bras et bottes nous immunisant contre les chutes aux pieds, à la recherche de la solution unique qui va nous permettre d'atteindre la sortie du niveau. Au départ, le jeu reste en terrain familier : comme avant, on évite les tourelles tueuses, on utilise les cubes sur les boutons et surtout la technique maison d'utilisation de la vitesse d'entrée dans un portail pour atteindre des endroits inaccessibles autrement via le portail de sortie est toujours le concept maître. Les développeurs ont toutefois introduit de nouvelles mécaniques par la suite : dangereux et indispensables lasers (cubes de réfractions et interrupteurs adaptés fournis à part), plateformes trans-portables ainsi que des fluides bleus, oranges et blancs aux propriétés intelligemment complémentaires ce qui permet de renouveler un peu les énigmes. Si les décors finissent par devenir un brin redondant, il faut saluer le haut niveau général de level design des niveaux qui sont quasiment tous très agréables à parcourir et qui font travailler la réflexion sans aller jamais trop loin.
Certes, on pourra faire le reproche légitime à Portal 2 de ne pas se renouveler assez à l'intérieur du jeu et ce même si il ne faut pas oublier que le gameplay se révèle dans 95% des cas efficace. Certes, on pourra râler sur la difficulté globalement trop peu élevée et un combat final énervant qui n'a pas de quoi réveiller le gamer ayant de la bouteille. Mais cette relative facilité et ces bases solides ont au moins l'avantage de permettre d'éviter de ne pas trop hacher l'histoire. En effet, Portal 2 étant intrinsèquement enfermé dans un schéma « histoire - énigme - histoire - énigme - und so weiter... », rester trop longtemps dans une salle a un côté junkie en manque fort désagréable.Il est donc nécessaire de véritablement enchaîner pour profiter à fond des dialogues et surtout de la fuite en avant permanente qui sert d'histoire.
Ce billet manquait déja de poneys
De manière générale, c'est toutefois une véritable sensation de maîtrise qui transparaît de l'expérience de jeu. Le scénario est ainsi véritablement prenant dès le départ jusqu'à son épique conclusion. Mieux, il a su basculer du cynisme clinique du premier Portal en une épopée délicieusement absurde dotée d'un excellent rythme de gag. Le délire ne semble en effet jamais s'arrêter tout en s'élargissant d'une galerie de personnages fantastique. Que ce soit Weathley, votre robot allié de départ étrangement déjanté et gentiment incompétent ou les nombreux appareils complètement bugués, Aperture Science n'a jamais autant été imprégnée de cette ambiance de délirante et dangereuse folie. Petit coup de cœur perso pour cette tourelle qui vous fixe avec son laser sans vous tirer dessus et vous dit « Je ne suis pas comme les autres... » ou les remarques acerbes et mordantes de la reine GlaDOS.
SCIENCE & vie
Finalement, on joue moins à Portal 2 pour sauver sa peau d'héroïne de jeu et résoudre des énigmes que pour se balader dans l'univers fou et délabré d'Aperture Science. Qu'on se comprenne bien, je n'ai pas passé un mauvais moment, bien au contraire, à résoudre les différents puzzles qui sont dans leur quasi intégralité vachement bien pensés mais in fine l'exercice a tendance à me lasser assez rapidement. Ce qui m'a fait principalement continuer de jouer à Portal 2, c'est avant tout cette folie trop délirante pour être honnête mais trop travaillée pour n'être pas un minimum pertinente que constitue l'histoire et le background de Portal 2. Mon éternel besoin d'intellectualiser dirait ma génitrice.
Moi je te comprends petite tourelle...é__è
Cela est d'ailleurs totalement à porter au crédit des équipes de Valve : Portal a su créer son univers original, osé, absurde et pourtant totalement cohérent. Certains pourront regretter ce basculement vers l'absurde total, pour ma part je trouve la caricature assez salutaire. En faisant revêtir le masque de la loufoquerie à des machines souhaitant pourtant notre propre mort ou obéissant simplement à une logique ayant intégralement dérivée, nous sommes forcés inconsciemment de nous attacher un minimum à elle, à rentrer en empathie car le décalage est trop fort pour être indolore.
L'univers de Portal 2 n'est pourtant pas qu'un univers de folie absurde uniquement. Il est conçu pour nous troubler de notre rire, pour que reste éveillée notre conscience du dérapage. Oui, l'Homme ne peut pas produire Aperture Science pas plus qu'il ne créera une GlaDOS identique, ce serait trop gros, mais ne tend-il pas vers cette caricature qui fait accepter aujourd'hui des choses qui paraîtraient complètement absurde aux générations précédentes. Je réfléchis sans doute trop mais il m'est impossible de penser que Portal n'a été inventé que pour le fun. Il y a dans la maîtrise de son univers, dans le renforcement bienvenu que lui apporte Portal 2 une réelle intelligence qui ne peut pas servir que de source d'amusement. Le rire n'est jamais gratuit.
Intelligence supérieure à la moyenne et techniques remarquables, voilà après de longues et passionnantes heures de test quel est mon bilan concernant le sujet Portal 2. Cette descendance a su maîtriser les techniques déjà acquises jusqu'à présent pour pouvoir évoluer jusqu'à un point remarquable. Certes l'espèce possède toujours ses propres défauts comme une durée de vie et un goût pour la difficulté peu élevés mais il serait dommage de se focaliser sur ses aspects pour négliger le formidable potentiel de Portal 2. En soi, le sujet a atteint un très bon niveau mais votre serviteur ne saurait se prononcer contre de nouveaux tests. Pour la science, évidemment.
Ce billet n'aborde pas le mode de jeu en coop qui est bien entendu un point positif de plus à ajouter au bilan de Portal 2 mais je n'ai tout simplement pas encore eu le temps de m'y atteler.