La sexualité dans Berserk, au fil de mes discussions, que ce soit sur internet ou la VRAIE vie, est un sujet qui fait débat. Les questions qui reviennent le plus souvent sont celles-ci : Le sexe est-il justifié ? Le sexe est-il un réel thème du manga à ne pas mettre à la poubelle ou est-il un simple moyen d’émoustiller le lecteur lambda de 15 ans en pleine crise avec ses hormones qui lit pour la première fois de la dark-fantasy ? Selon moi, grosso modo oui ce thème est un réel enjeu dans le manga pour en comprendre toute sa complexité, sauf qu’en réalité c’est un peu plus compliqué que juste un simple acquiescement ou objection. Mon but à travers cet article n’est pas de reprendre exhaustivement chaque exemple de ces scènes afin de les analyser, mais d’en parler de manière beaucoup plus générale. Par conséquent je vais essayer à travers cet article de montrer MON avis sur les scènes à caractère sexuel dans Berserk. Bien sûr, si vous avez lu correctement le manga de Kentaro Miura vous vous rendez bien compte que je ne peux pas parler de ce thème sans faire une analyse du manga de manière générale. Mais je vais quand même essayer de rester dans le thème. Allez c’est parti.
Attention : Cet article va tenter d’analyser un des principaux thèmes du manga Berserk. Par conséquent, il est préférable que vous ayez lu l’œuvre en question pour éviter tout spoil et avoir une pleine compréhension de ce qui est dit.
Tout d’abord, je souhaite parler de la manière dont Miura montre l’Homme et l’humanité dans Berserk car je pense que c’est la véritable pierre angulaire de l’approche que j’ai du sexe dans cette œuvre. Il présente l’Homme comme sans remord, prêt à tuer pour arriver à ses fins, sans scrupule. Mais le point le plus intéressant est le fait qu’il le montre dirigé par ses instincts et ses désirs dont il ne peut se défaire. A travers les multiples viols au cours du manga, Miura montre que l’Homme est détenteur d’une causalité inéluctable dont ses désirs et par extrapolation ses instincts sont les symboles de la condition humaine. En clair, Miura ne donne pas une très bonne image de l’Homme. Effectivement au premier abord c’est ce que l’on pourrait penser. Le personnage de Guts est la personnification de cette petite part de lumière dans l’Homme ( qui détonne avec son chara-design ), depuis la transformation ( si on peut appeler ça ainsi ) de Griffith en Femto il tente de transcender sa condition ( et donc celle citée plus tôt ). Il est lui-même touché par cet aspect de l’Homme : à travers l’acte de Donovan en le violant, le viol de Casca par Femto. Néanmoins, paradoxalement Guts proclame, dès le début du manga et beaucoup plus fortement post-Eclipse, son humanité. Or l’humanité qu’il proclame est sa propre vision de celle-ci. En effet, nous venons de voir précédemment que Miura dans son œuvre en donne une toute autre. A travers le personnage de Guts, l’auteur dépeint la vision de l’humanité dont elle doit aspirer : il doit se transcender. En clair, le sexe permet de donner de la profondeur au personnage de Guts qui finit par symboliser l’essence même de la pensée de l’auteur.
Le sexe est également lié au divin, cette liaison apparaît très tôt dans le manga, dès le troisième tome. En effet, la première scène orgiaque se produit lorsque les Gods Hand montrent la vision du passé du Comte à sa fille. Dans cette scène l’élément le plus important et celui dont je souhaite parler est la présence du bouc. Dans un monde où la religion chrétienne est loi tel que Berserk, le bouc représente le désir sexuel. Ce n’est donc pas étonnant si Miura a décidé d’utiliser l’imagerie du bouc lors de ces scènes. Il ne représente pas seulement ça non plus, en effet, le bouc est encore plus communément associé au diable. Lors des scènes d’orgies, le bouc est constamment impliqué, il permet d’instaurer une dualité entre la sorcellerie et le christianisme. Et par la sorcellerie Miura introduit son univers de dark-fantasy et y donne de la crédibilité. Les scènes se présentent donc comme des rites où l’orgasme et le plaisir de la chair se transforment en vénération dont elle est le symbole de la résistance face à l’extrémisme religieux présent dans Berserk ( cf. Inquisition ).
Certaines scènes paraissent au premier abord parfois injustifiés voire extrêmes. Je pense notamment à la scène du cheval possédé qui est à la limite de violer Farnese. Ou encore la scène où le père de Charlotte tente de la violer dans son lit. Evidemment, ces scènes permettent de nourrir l’univers. Mais je pense qu’elles auraient pu être évitées sans pour autant nuire à l’univers.
Même si la plupart des scènes de sexe dans Berserk sont représentées de façon crues, il y en a une qui détonne de toutes les autres : celle de Casca et Guts à la fin du tome 9. Tout du moins au début, mais ça viendra après. La scène est pleine de sensualité où nous voyons pour la première fois deux des personnages principaux sans artifice. Même si cela paraît tout beau je suis particulièrement partagé à propos de cette liaison. Si elle en était restée là, j’aurais pensé que c’était une scène de sexe qui n’apportait rien au débat. Or le fait que durant cet acte Guts repense au viol qu’il a subit remet -une nouvelle fois- en perspective la condition humaine dont j’ai parlé précédemment. Sauf que je me dis que c’est peut-être un peu trop de la part de Miura, il n’était pas obligé de casser une scène comme celle-ci qui est si rare dans le manga. Mon avis est contradictoire mais c’est mon impression.
Enfin, à travers Berserk, Kentaro Miura présente beaucoup de scènes de sexe qui sont pour la plupart justifiées. Ces scènes peuvent avoir plusieurs rôles : permettre d’approfondir un personnage central ou encore de nourrir l’univers que l’auteur souhaite créer. Néanmoins, certaines ne semblent de pas justifiées par leur crudité ou encore leur position éthique.
