En voilà, un jeu qui aura fait parler de lui dans la communauté des gamers. Un petit jeu sorti de nulle part, développé par quelques programmeurs passionnés et tapant allègrement dans les vieux classiques de la culture vidéo-ludique. Mais de ce classicisme est né un vrai petit bijou !
Un univers trippant à souhait
Faut-il un scénario pour faire un jeu de plate-forme ? Bien sûr que non, dirait sans hésiter le papa de Mario au vu de l’ennui mortel et répétitif du monde Champignon… Et pourtant sans forcément se lancer dans une réelle narration, apposer une patte, un humour, des codes à un univers est très important et fait qu’on s’en souviendra. En seulement quelques courtes cinématiques de début de monde, d ’apparition de boss et de fin de monde, Super Meat Boy nous entraîne dans une épopée débile à souhait, extrêmement drôle et cynique, nous abreuvant continuellement de références cultes de jeux vidéo et autres films. Et des références fines, qui plus est. Car on appréciera parfaitement la petite aventure même sans les connaissances adéquates pour reconnaître les clins d’œil… le générique de début rappelant Street Fighter 2, l’intro de Megaman reprise dans une cinématique, un bel hommage à la fin de Fight Club, etc… il y en a pour tous les goûts.
Un petit résumé du pourquoi de l’aventure ? Meat Boy est un bout de viande que tout le monde aime et qui est surtout aimé par Bandage Girl. Mais le méchant docteur Fétus (un embryon humain dans un petit robot humanoïde) n’est aimé de personne, et par corrélation, il n’aime pas Meat Boy. Il va donc passer son temps à capturer Bandage Girl à chaque fin de niveau alors que Meat Boy essaie de la rejoindre pour la sauver. Et pour ce qui est de l’ambiance : tout le monde est con ! Et ça en est hilarant ! Et quand en plus, les destinées de la majeure partie des autres personnages rencontrés sont méchamment teintées d’un humour noir très acide rappelant les South Park les plus crus, le cocktail est tout simplement parfait.
Le design stylé flash est très efficace et reproduit un univers minimaliste permettant de se concentrer sur la jouabilité et les chara-design des personnages s’y prêtent bien. Et le tout est accompagné de musiques très nombreuses d’une efficacité redoutable ! Elles sont justes excellentes ! Rythmées, entraînantes et ne provocant aucune lassitude malgré les innombrables morts du joueur dans certains niveaux. Rien que pour ça, il faut y jouer.
Un gameplay au millimètre
Une grande leçon pour les développeurs qui investissent souvent une fortune dans leur jeux pour se retrouver avec une jouabilité calamiteuse. Super Meat Boy est tout bonnement parfait sur ce point là (et sur les autres). Le héros est rapide, parfaitement réactif, et capable de prouesses étonnantes. Car si le début du jeu nous présente une simplicité absolue avec un bouton de saut et un bouton d’accélération, les mondes successifs nous poussent sans cesse un peu plus loin dans le maniement du bout de viande. On se surprend à passer des obstacles qu’on croyait impossibles à éviter uniquement en apprenant à mieux gérer et utiliser les mouvements de sauts, le moment où déclencher l’accélération du perso ou encore les quelques millimètres où le personnage dérape entre deux wall jump. Tout est question de nuances et le moindre détail devient important.
Un gameplay qui pourrait vite devenir affreusement trop exigeant, mais heureusement, le level design est là aussi un petit bijou permettant au début d’appréhender les premiers niveaux calmement, mais qui nous pousse peu à peu à trouver le timing qui nous permettra d’enchaîner les pièges et autres difficultés sans temps mort. Les mouvements de base vont aussi être considérablement étoffés par la simple interaction avec les éléments de décors comme des lasers, des tapis roulants, des murs qui s’effritent, des ascenseurs, etc…
Un principe de jeu reposant évidemment sur un die and retry important mais jamais frustrant (et les niveaux sont très courts), car aucun écueil de jouabilité ne vient entacher notre progression. Quand on meurt, on ne peut s’en prendre qu’à soi-même. Et comme la réapparition est immédiate et sans coupure, eh bien on retente, encore et encore jusqu’à la victoire. Et une fois le niveau fini, on a droit à un replay très drôle où une bonne trentaine de nos dernières tentatives traversent le niveau en simultané, ce qui donne une sensation d’enzymes gloutons ou bien de spermatozoïdes à la recherche de l’ovule convoité.
Remarquez au passage que les petites phrases amusantes qui apparaissent au début du jeu vous conseillant de jouer avec une manette ne sont pas à prendre à la légère. Jouer au clavier est absolument ignoble et impossible. Mais avec une bonne manette et une bonne dose de patience, vous serez fier et heureux d’avoir fini les 6 mondes principaux du jeu.
Mais la durée de vie recèle bon nombres de possibilités pour prolonger l’expérience. Outre les 105 niveaux principaux donc, on débloque un monde bonus jouable avec Bandage Girl (soit 20 niveaux de plus). On peut également tenter de finir chaque niveau dans une limite de temps imparti pour débloquer l’accès au Dark World. Le speedrun de niveau réussi, on peut donc refaire ce même niveau dans une version méchamment modifiée avec une énorme augmentation de pièges et autres ennemis (soit 125 niveaux en plus).
Il faudra aussi récolter les 20 bandages cachés dans chaque monde pour débloquer des personnages jouables possédant parfois des capacités spéciales. Et enfin, chaque monde cache également 3 warp zones nous envoyant traverser quelques niveaux au design plus pixel art old school.
Autant dire qu’avec tout ça, vous avez de quoi passer un sacré paquet d’heures sur le jeu et le challenge est gigantesque pour espérer tout réussir. Franchement, vous pouvez être fier de vous si vous arrivez déjà à finir les 6 mondes de base.
Allez, on va pinailler et dénoncer un tout petit défaut à mes yeux : on ne peut pas savoir combien de fois on est mort dans un niveau, il n’y a qu’une statistique totale du jeu (pour exemple, j’ai fini le jeu de base en étant mort 1800 fois ! XD). L’idéal aurait été un compteur en direct dans un coin de l’écran qui comptabilise les morts au fur et à mesure pour mieux réaliser le temps passé sur chaque niveau.
Pour résumer, Super Meat Boy est un petit chef d’œuvre qui n’a absolument pas usurpé son statut de jeu culte à essayer absolument pour son humour décalé et son gameplay parfaitement maîtrisé et jouissif.
L’avis de Plumy :Je n’ai franchement pas grand chose à rajouter à part m’exclamer "wé ça déchire du pâté !!" . Super Meat Boy a été une expérience assez surprenante pour moi : Je l’ai testé il y a un an ou 2 au clavier, j’ai trouvé ça injouable, j’ai laissé tomber en me disant que c’était un truc de nolife maniaque et que j’avais mieux à faire. Avec une manette, j’ai redécouvert le jeu ! Certes, ce n’est pas "facile", mais ce n’est pas non plus "impossible". Le personnage répond au doigt et à l’œil et tout est incroyablement instinctif au final. Comme pour les jeux de rythme auquel j’adore jouer en cessant totalement de réfléchir et en jouant uniquement sur mes réflexes, dans une sorte d’osmose avec le jeu, Super Meat Boy me met dans une sorte de transe particulièrement jouissive ♥ (D’ailleurs maintenant je suis obligée de m’acheter une manette pour finir le jeu, je n’ai fait que les 5 premiers mondes. Pourtant je ne suis pas une grosse accro des jeux de plateformes. J’ai juste joué à plusieurs Mario quand j’étais môme. Ben Super Meat Boy, c’est Mario en 10 fois plus nerveux et trippant. Du bonheur en barre à consommer sans modération ! Franchement, n’ayez pas peur d’essayer. Mais avec une manette !
Vidéo bonus de Plumy contre le premier boss pour les curieux :
