Au Japon cette œuvre a vu le jour en 2011 dans le magazine bimensuel « Manga Erotics F » de l’éditeur Ohta Shuppan sous le nom de うみべの女の子 (Umibe no Onna no Ko). La série comptera à sa conclusion 2 tomes.
En Italie elle arrive chez Panini Comics en 2012 sous le nom de La ragazza in Riva al Mare en 2 tomes.
En Allemagne, appelé Mädchen am Strand et édité chez TokyoPop, la série est disponible en 2 tomes.
Aux Etats-Unis le manga ne sortira qu’en Janvier 2016 chez Vertical Comics en un gros tome sous le nom de A Girl on the Shore.
En France, il débarque chez Imho en 2 tomes entre Janvier et Février 2015 dans un grand format sous le nom de La Fille de la Plage.
11e œuvre d’un auteur prolifique qui en est déjà à sa 16e (Dead Dead Demon’s De De De De Destruction depuis 2014) en étant âgé seulement de 35 ans. Inio Asano est un habitué des séries courtes qui se démarque aussi bien par son dessin très réaliste que par ses histoires qui semblent représenter un genre à part entière.
Laquelle préférez-vous ? Si vous regardez la couverture française vous pouvez remarquer que les motifs de la couverture originale sont légèrement visibles. Si vous regardez la couverture allemande vous pouvez remarquer…Le nom de l’auteur écrit en tout petit une bonne centaine de fois. La couverture italienne ? Baaah… Bref, je préfère l’édition française de loin sans doute parce que c’est celle que j’ai lu mais c’est aussi celle qui m’a rendu curieux quand je l’ai découvert en libraire. Enfin, faire le tour des couvertures n’a pas grand intérêt ici à part montrer qu’il m’arrive parfois de bosser mon sujet (parfois). Alors heureusement ou malheureusement ?
L’histoire débute sur une plage froide et déserte. Koume et Isobe s’y trouvent et viennent de vivre leur toute première fois mais les sentiments qui l’accompagnent sont loin d’être évidents. Si Isobe est un insolent amoureux mal dans sa peau, Koume est guidée par sa curiosité, ses désirs et ses contradictions. Commence alors une étrange relation ou les deux jeunes adolescents apprennent à se découvrir physiquement mais aussi autrement.
Contexte particulier j’ai relu la Fille de la plage juste après avoir regardé les 10 premiers épisodes de Shirayuki (l’exemple-type de la romance de shojo dans un monde merveilleux dénué de toute sexualité). J’ai eu l’impression de voir ma représentation du concept d’amour s’étirer entre deux pôles opposés. Avant de continuer, je vous propose, pour vous accompagner, une musique de Happy End, intitulé Kaze wo Atsumete (en français Traverser l’Azur) une chanson non sans importance pour l’histoire dont je vais vous parler (et qui a le mérite d’être superbe).
Happy End © URC, Bellwood/King
La fille de la plage est un récit qui s’étale sur plusieurs mois et années, l’occasion d’opposer les personnages à leur passé et voir comment leurs premières relations sexuelles, leur rapport l’un à l’autre et le temps les changent. Bien que sorti dans un magazine érotique, le sexe et la nudité ne sont pas systématique à la manière d’un Nozoki Ana (que j’adore tout de même). L’érotisme et les sentiments se mêlent relativement bien le long des 2 tomes et l’un peut laisser sa place à l’autre sans perdre son lectorat.
Koume et Isobe sont loin d’être sur la même longueur d’onde, on les découvre mal à l’aise et avec des difficultés à exprimer ce qu’ils ressentent. Malgré leurs différentes motivations, c’est leur curiosité vis-à-vis du sexe qui les rapproche. Au fur et à mesure que l’histoire avance on découvre un peu plus les personnages, leurs tracas et leurs désirs. Leur relation évolue en fonction des circonstances et des discussions tandis que l’on découvre en même temps leur vie quotidienne et leur entourage dont un certain Kashima qui semble loin d’être neutre quant à Koume. Cependant, cette dernière en aime un autre, Misaki décrit comme un beau gosse prétentieux et obsédé mais absolument pas intéressé par la collégienne. De l’autre côté Isobe se tient à l’écart de la classe et s’acharne à la tenue d’un blog qu’il tient secret tout en conservant depuis la 5e des sentiments pour l’héroïne.
Je ne dirai pas, en lisant cette œuvre d’Inio Asano que j’ai passé un bon moment. Le manga touche beaucoup de points sensibles qui peuvent mettre mal à l’aise le lecteur et l’obliger à remettre en question ses opinions sur le sujet. J’en suis ressorti légèrement tourmenté, me demandant ce que je venais de lire. Les personnages sont complexes et ne sont pas construits pour être attachants mais réalistes et en accord avec leurs sentiments. Ils ne choisiront pas tout le temps la meilleure option mais il n’empêche qu’on peut se retrouver en eux dans les difficultés qu’ils éprouvent à exprimer ce qu’ils ressentent.
Les relations sexuelles y sont particulièrement explicites. Dans le sens ou c’est un apprentissage pour eux, on découvre nos protagonistes s’essayer à de multiples positions, dans divers endroits, allant du plus sage jusqu’aux tentations un peu moins ordinaires. Et à force, ces moment si particuliers vont prendre une nouvelle signification passant de l’assouvissement d’une certaine curiosité à un rapport complexe ou s’entremêlent sentiments réciproques ambigus et désirs personnels.
L’histoire est loin d’être rose. Les sourires sont plutôt rares, le sexe y semble davantage vu comme un besoin à remplir que comme un plaisir et les rapports avec l’entourage ne sont pas évidents. C’est en parti la faute aux personnages mais, bien loin d’être fades, sont constamment troublés par leurs problèmes et on attend, pendant que les pages défilent, qu’une possible résolution s’offre à eux.
Niveau dessin on a ce trait réaliste et propre à Inio Asano qui s’est fait connaitre dans ses œuvres antérieurs et qui rend très bien les émotions sans jamais délaisser des décors soignés jusqu’au petit détail. Il y a également un véritable souci de la mise en scène qui donne d’excellentes fins de chapitre (content de ne pas avoir suivi le manga pendant sa prépublication) mais aussi des plans toujours habilement utilisés pour mettre en relief le sujet de chaque case.
L’intrigue se suit tranquillement, et on découvre les raisons qui poussent Isobe à se conduire ainsi, à écouter des vieilles musiques, ce que ressent Koume et comment elle parvient à faire le tri dans ses pensées. Puis on arrive au bout de l’histoire sans vraiment s’y attendre après quelques moments tumultueux dont je ne vous parlerai pas. La série laisse un gout amer mais appréciable et si, comme je l’ai dit juste avant, je n’ai pas l’impression d’avoir passé un bon moment, je suis content d’avoir ouvert les pages de ce manga, de m’être émerveillé devant le dessin d’Asano (aussi bien devant les décors que devant leurs ébats), d’avoir suivi leur si particulière adolescence et d’en être ressorti un peu retourné.