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Nostroblog - Sangsues et la politique de l’enfant unique

Sangsues est un manga de Daisuke Imai publié dès 2011 au Japon dans la revue mensuelle Comic@Bunch de Shinchosha. Le manga s’est conclu en 2013 avec son cinquième volume. En France, c’est Casterman qui le publie d’après la traduction du japonais d’Aurélien Estager. A ce jour, seuls les deux premiers tomes sont sortis chez nous, et ça tombe bien puisqu’on va parler d’une thématique abordée dans le second album : la politique de l’enfant unique.

[Note : vous l’auriez deviné si vous aviez lu le titre de l’article.]

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sangsues daisuke imai tome 2 sakka

Sangsues, le manga des oubliés

Avant de commencer à évoquer le sujet de la politique de l’enfant unique, il semble primordial de rappeler de quoi parle Sangsues. Il s’agit avant tout de l’histoire de Yoko, une jeune fille qui vit dans les appartements des gens lorsqu’ils s’absentent. Considérée à tort (?) comme décédée, elle erre dans les rues sans que personne ou presque ne la remarque. Ou presque, oui. Car sur son chemin elle croise un ancien camarade de classe qui vit de la même façon qu’elle et qui lui apprend qu’ils ne sont pas seuls. Presque en parallèle à notre univers, le monde des sangsues (c’est comme ça que se nomment les personnes comme Yoko) est régi par des règles strictes à base de territoires et de règlements de compte sanglants.

Outre sa mise en scène qui marque les esprits au premier abord, Sangsues est un manga atypique du fait du profil de ses personnages. Daisuke Imai met en lumière des gens que la société préfère laisser de côté. Oubliés par la communauté, bouffés par la métropole, indésirables pour leurs proches, ils vivent comme des évaporés car ils sont faibles ou malchanceux. En somme, le personnage type de Sangsues est le genre d’individu trop peu souvent représenté dans les mangas, surtout ceux axés sur le divertissement.

Le heihaizi, quésaco ?

Pour faire court, disons qu’un heihaizi désigne un enfant noir, né illégalement. Mais vous nous connaissez, vous savez que chez Nostroblog on n’aime pas faire court. Dans ce cas, d’où vient provient ce terme ? Et pourquoi l’utiliser ? Dans un premier temps, si le japonais n’a aucun secret pour vous, vous aurez sans doute compris que ce mot ne vient pas de l’archipel. Effectivement, le terme est chinois. Les enfants noirs résultent de la loi sévère visant à maintenir la politique de l’enfant unique dans L’Empire du Milieu. Retraçons l’histoire dans l’ordre.

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sangsues manga daisuke imai japon critique

A partir des années 50, en Chine, il y a eu une explosion démographique. Pour éviter la surpopulation du pays, le gouvernement de Deng Xiaoping a instauré en 1979 la politique de l’enfant unique. Cette réforme permettant de contrôler les naissances interdit aux couples d’avoir un second enfant. Si cette politique a été assouplie sur quelques points importants au fil des ans, elle perdure encore aujourd’hui.

Mais cette solution radicale a des dérives, et les enfants noirs en sont une. En effet, d’importantes répercutions sont prévues pour les naissances illégales. Une amende colossale pour les parents ou alors la privation de libertés fondamentales pour l’enfant né en trop. Si son seul crime est d’être venu au monde, le heihaizi est contraint de vivre privé de hukou, un document d’identification permettant l’accès à la l’école, au monde du travail, au système de santé, aux banques ou encore aux trains. Et il n’a pas non plus le droit de se marier et d’avoir un enfant. Une privation totale du droit d’exister, de vivre en société. C’est à partir de là qu’on tombe dans le milieu du trafic d’êtres humains et du crime organisé. Entre les parents se résignant à vendre leurs enfants et le manque d’opportunités disponibles, il est facile pour un enfant noir de tomber dans le milieu de la drogue ou de la prostitution. Sans compter le planning familial qui profite de cette politique pour collecter de l’argent grâce aux amendes…

Pour aller plus loin je recommande le documentaire Chine : naître et ne pas être, qui a été diffusé sur Arte et que voici sur Youtube.

La politique de l’enfant unique selon Daisuke Imai

Sangsues qui, comme on l’a vu, met en scène des personnages considérés comme des parias par la société s’empare du thème des enfants noirs. Pour ce faire Daisuke Imai imagine l’histoire de deux frères jumeaux chinois. Wei a grandi avec ses parents, tandis que Rin a été vendu à l’âge de 5 ans. Alors qu’il n’a même pas la vingtaine, il a mené une vie compliquée, à base de violence et d’attouchements sexuels. Et, par la même occasion, est devenu une sangsue. Wei, le chanceux donc, se rend au Japon pour retrouver son frère. Il croise Yoko, notre héroïne, sur sa route et lui demande de l’aider dans son périple.

Mais si Wei espérait des retrouvailles heureuses, la réalité du manga est tout autre. Effectivement, son frère est un réservoir de violence et il ne se gêne pas pour le faire sentir. Et ça se comprend aisément. D’abord par la rancœur qu’il a vis-à-vis  de sa famille. Il en veut à ses parents de l’avoir vendu et à son frère d’avoir été plus chanceux que lui.  Mais cette brutalité s’explique aussi par le milieu dans lequel il a grandi. Abusé et violenté, Rin s’est enfermé dans la spirale de la haine.

C’est donc avec dureté que Daisuke Imai nous présente le destin des enfants noirs. Des êtres humains qui ne sont pas considérés comme tel juste par manque de chance. Et pourtant même si Rin paraît inhumain au premier abord, il n’en est rien. C’est un jeune homme perdu, qui se forge une carapace. Il éprouve des sentiments virulents et il est révolté. En fait, il est tout le contraire de ce qu’on pourrait penser de lui, c’est à dire profondément humain. S’il n’est pas devenu comme son jumeau, gentil et souriant, c’est avant tout à cause du mauvais sort que lui a réservé la vie.

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sangsues hiru scan tome 2

Ce second tome de Sangsues consacré entièrement aux deux adolescents chinois a mis en lumière un sujet tabou et trop méconnu : la vie d’un heihaizi. C’est autant avec férocité qu’humanisme que le manga de Daisuke Imai présente des gens que la société préfère oublier. L’auteur met le doigt là où ça fait mal tout en intéressant son lectorat à une thématique sociale particulière. Sangsues s’impose définitivement comme un divertissement des plus atypiques, la preuve pour qui en doutait encore qu’on peut mêler action et suspense avec des sujets de société tout en restant attractif.

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