Virtus, le sang des gladiateurs – tome 5 de Gibbon et Hideo Shinanogawa
La fin de Virtus
Voici l’ultime tome du seinenVirtus, le sang des gladiateurs. Ce manga de japonais projetés à l’époque de la Rome Antique et qui deviennent gladiateurs, prend fin avec cet opus. Or, vu le dernier tome, je suis bien curieux, tout en étant, très sincèrement, inquiet, de voir comment les mangakas allaient conclure leur histoire et si elle se montrerait à la hauteur.
Virtus, le sang des gladiateurs – tome 5 de Gibbon et Hideo Shinanogawa est édité par Ki-oon et est disponible à la vente depuis le 21 mars 20103
Résumé de Virtus 5 chez Ki-oon
Résumé de l’éditeur :
Trois mois se sont écoulés depuis l’arrivée de Takeru et de ses compagnons sur l’île de Gamla. Alors que les Japonais subissent un entraînement éreintant, un groupe de sénateurs complotent pour mettre un terme au règne sanglant de Commode… Leur plan ? Faire assassiner l’empereur lors de sa venue aux thermes.
De leur côté, Sin Kamio et les autres s’apprêtent à passer l’ultime épreuve qui fera d’eux de véritables gladiateurs…
Le final cruel de Virtus, entre tyrannie, dépravation et barbarie, sur les pas des gladiateurs de Spartacus !
Un fin feinte qui laisse sur sa faim !
Le dernier tome de Virtus m’avait agréablement surpris dans la mesure où, il a su rajouter une pincée de finesse dans ce monde de brutes et de violence. En gardant toujours ce penchant pour la violence et le sang, l’intrigue se complexifiait un peu et prenait un tournant que j’avais salué. J’avais donc hâte de voir comment cela allait tourner et voir quelle fin les mangakas nous proposeraient.
Et oui, Virtus se finit bien en 5 tomes !
Beaucoup de questions ou événements restaient encore en suspens : Narumiya parviendrait-il à battre Commode ? Pourquoi Narumiya est-il « l’Elu » ? Que font les autres japonais « contemporains » ici ? Deviendront-ils de vrais gladiateurs ? Rentreront-ils chez eux ?
Autant de questions qui resteront sans réponse ou presque ! Car ce cinquième et dernier opus de Virtus ressemble plus à un tome transitoire qu’à une conclusion. Mais nous y reviendrons plus tard.
Ce cinquième opus débute avec la tentative d’assassinat de Commode et le complot qui se trame. Mais, comme on pouvait s’y attendre, tout ne se déroule pas comme prévu et les instigateurs vont vivre un véritable calvaire. Entre viol, décapitation et mort violente, Commode va encore montrer sa férocité.
Bien que finalement courte, cette partie se révèle être intense, tendue et intéressante. Même si on voit venir la fin effroyable, j’ai trouvé que nous montrer ainsi les enjeux politiques et les trahisons était une bonne idée… mais qui aurait méritée d’être encore plus exploitée.
Le reste du tome est consacré à notre groupe de japonais perdus dans l’antiquité et qui peaufinent leur entrainement. Pour finaliser leur formation, ils vont être soumis à une terrible dernière épreuve : se défendre contre des enfants armés de poignards cherchant à les tuer. Alors qu’on aurait pu s’attendre un déferlement de violence, faisant sauter le tabou du meurtre d’enfants, cette épreuve parvient à nous surprendre et à verser dans une certaine candeur et une avalanche de bons sentiments presque nobles.
Cette partie va nous permettre également de mettre en parallèle cette situation avec le passé de Narumiya, via un long flashback. Ce dernier va nous en faire comprendre un peu plus sur notre personnage principal, sa force, et mieux comprendre pourquoi il agit comme cela. On comprend également, d’où lui viennent ses brûlures sur son dos et comment il en est venu à tuer son père.
Malheureusement pour en arriver là, Gibbon va décrire son père comme un être horrible, capable des pires exactions. Mais ce traitement est improbable, exagéré et sans une once de finesse. Tant et si bien, que le lecteur peine à rentrer dedans, tant c’est surfait et peu crédible. Alors que ce passage devait susciter de la colère contre le père et de l’empathie envers Narumiya, l’effet tombe à l’eau. Même si les crimes commis suscitent du dégoût et même si on se met à haïr le père, le tout est beaucoup trop excessif et improbable pour rentrer pleinement dans le récit.
Et ensuite vient la « fin », si on peut l’appeler ainsi. C’est simple tout reste en suspens, sans rien qui ne soit terminé. Le scénariste utilise même un pirouette scénaristique pour donner le change sur cette « fin » feinte. Sauf que ce retournement de situation arrive abruptement, sans être bien amené et va presque à l’encontre de ce que l’on a vu avant. Tout cela laisse un goût amère en bouche. J’ai eu l’impression que Gibbon a sorti ce rebondissement de son chapeau, faute de trouver un autre moyen de s’en sortir et finir son oeuvre. C’est maladroit, illogique et peu crédible. Mais surtout, cela apparaît comme de la poudre aux yeux pour cacher le manque de « fin » de tous les fils d’intrigue.
Cette fin apparaît plus comme un vulgaire cliff de fin d’un tome lambda que celui sensé conclure une série. La raison de ce choix étrange peut s’expliquer en partie par le fait qu’il existe une suite nommée : Kodai Roma Kakutoô Angokutan Sin. Cette dernière étant, à ma connaissance, pas annoncée en France. De plus, sauf erreur de ma part, rien n’est fait ou marqué pour dire que Virtus n’est qu’une étape. Nombreux seront les lecteurs à penser que cette histoire s’arrête ainsi
Mais même dans cette optique de proposer une suite, je trouve cette fin très décevante car sortie de nul part, mal amenée et surtout ne concluant rien. Même pour une fin d’arc, je la trouve insuffisante. Elle marque une rupture narrative, voir presque une rupture d’identité qui me dérange.
Pour conclure, ce tome 5 de Virtus est une déception, sans pour autant être totalement mauvais. Déception parce que le flashback de Narumiya fait trop dans la surenchère peu crédible. Déception car la fin n’en ai pas une, et ne conclut rien. Déception car la suite de Virtus n’est pas annoncé. Déception car j’ai envie d’aimer Virtus malgré ses défauts, mais ce tome-ci ne m’y aide pas.
Pourtant, Virtus parvient à s’attirer une certaine sympathie. La lecture est fluide, certains passages sont plaisants, les personnages intéressants, la notion de passage de flambeau peut être une bonne idée. Mais malgré ces points, cela n’empêchera pas d’avoir un arrière-goût en bouche sur cette conclusion.
Ce cinquième volume est probablement le moins bon de la saga, ce qui est paradoxal pour une conclusion.
Qu’avez-vous pensé de cette fin ? Saviez-vous qu’il existait une suite ?