Love in the Hell – tome 1 de Reiji Suzumaru
Un enfer drôle et sexy
Love in the Hell (Jigikurenen VO) est un nouveau titre qui rejoint la collection Erotic de Glénat. Son caractère érotique reste à prouver, mais ce qui est sûr, c’est que nous avons un titre qui s’annonce bien barré !
J’avoue avoir quelques attentes autour de ce titre qui promet d’être un petit OVNI dans le paysage actuel.
Mais que vaut-il ? Est-il à la hauteur ?
Love in the Hell – tome 1 de Reiji Suzumaru est édité par Glénat et est disponible à la vente depuis le 15 juillet 2015
Résumé de Love in the Hell 1 chez Glénat
Résumé de l’éditeur :
Rintaro est un jeune homme tout ce qu’il y a de plus crétin, qui après une soirée de beuverie banale, trouve une mort stupide. Mais, si sa vie fut peu reluisante, sa mort en revanche ne va pas manquer de piquant. Le voici littéralement aux Enfers, et sous l’autorité d’une jeune et sexy démone nommée Koyori. Que vient-il faire ici ? Eh bien expier ses péchés et se repentir de sa vie dissolue passée. Une gageure pour le garçon, qui va donner lieu à des situations burlesques et improbables. Rintaro sauvera-t-il son âme ? Rien n’est moins sûr
Un petit côté très Lamu !
Glénat essaie encore de développer sa collection Erotic après les discutables Nudeet Minimum. Sauf que ce titre est bien différent des deux autres.
Petite notification de rigueur, ce manga est interdit aux moins de 16 ans !!
Mais cet avertissement tient plus de son côté gore (mais du gore drôle) que sexuel. Car ce Love in The Hell a beau appartenir à la collection Erotica, je ne vois pas trop ce qu’il a d’érotique. Il y a bien de la nudité, des tenues légères et de la perversité, mais pas de scène hot. Bref, passons sur ce point de détail.
L’histoire est celle de Rintarôqui décède de façon stupide. Mais son fantôme le prend plutôt bien, persuadé qu’il va rejoindre le paradis. Sauf qu’il va se retrouver en enfer, chaperonné par une démone : Koyori. Elle lui fera découvrir ce monde et lui expliquera le fonctionnement des enfers.
Ce duo de personnages fait furieusement penser à Lamuoù les parallèles sont nombreux. Ainsi Rintarôest un peu débile, un brin pervers et toujours embarqué dans des histoires louches, et Koyoriest une démone sexy, impulsive, susceptible et amatrice des coups de batte.
C’est donc avec ce duo, qui fonctionne bien, que nous allons découvrir toutes les spécificités de ce monde et son fonctionnement tout particulier. Ainsi, pour expier ses péchés, il faut beaucoup souffrir. Surtout que le pécheur peut subir les pires tortures, il reviendra à la vie tout le temps. De quoi imaginer de belles sévices !
Les enfers calquent son fonctionnement sur une vision fantasmée de notre monde mais dans son contexte. Il y a ainsi des marchands, une sorte d’Amazon (Amazombie^^), des restaurateurs et même des tatoueurs… Tout ça grâce à la monnaie : la Rancune qui se gagne en souffrant. Le mangaka regorge d’idées géniales pour donner vie à ce monde, tout en donnant un ton d’humour trash à souhait. Le coup des bains chauds dans du magma est excellent par exemple, ou encore le tatouage GPS.
D’autre personnages viendront faire leur apparition comme la démone à forte poitrine Momonéet son supplicié Yukihiko, arnaqueur à ses heures perdus mais qui jubilent en enfer. J’ai adoré le passage où ce dernier explique à Rintarôque les masochistes sont les rois du pétrole dans ce monde.
L’univers décrit est franchement fun, avec plein de bonnes idées. C’est drôle, frais et trash : un mélange savoureux. L’humour est omniprésent et fonctionne très bien. Certes, il ne fait pas dans la dentelle, en étant soit trash, gore ou très cul. Mais on sourit plus d’une fois. Ce mélange humour et gore donne toute sa saveur à ce seinen, plein de personnalité. On s’amusera beaucoup des running gags où Koyomitue Rintarôen le décapitant avec sa batte en fer, ou en l’écorchant vif…
En revanche, ce tome se contente surtout de présenter ce monde en délaissant un peu l’intrigue. A part l’expiation des péchés, il n’y a pas réellement d’intrigue. On ne sait pas grand chose de Koyomi, comment elle est devenue « chaperonne », ni de Rintarôdans sa vie précédente. Par exemple, on ne sait pas pour quels faits il a des péchés à expier. Mais cet opus a distillé quelques éléments qui pourraient constituer des points importants par la suite. Reste à voir la voie qui sera suivie ensuite, même si on se doute qu’il pourrait y avoir une sorte de romance entre nos deux personnages principaux.
La narration manque de subtilité car c’est toujours un peu grossier et excessif, mais ça va de pair avec l’ambiance du manga. Les situations proposées sont loufoques, barrées et improbables, mais on passe un peu moment à les lire, à voir comment le mangaka utilise les spécificités de son monde pour proposer des péripéties fantasques.
Graphiquement, le style de Reiji Suzumaru est plutôt plaisant. Il colle bien à l’ambiance avec un côté simple et rond mais avec une certaine violence graphique. Ses personnages sont expressifs, avec des bonnes mimiques aidant à donner un aspect comique. Même si le charadesign de Rintarôest commun, surement volontairement, les autres personnages sont plutôt réussi. Koyomia un côté mignonne mais tigresse. On peut tiquer sur le côté juvénile du personnage, mais elle a du charisme. De plus, on sent que le mangaka s’éclate à représenter les scènes de morts, ou de sadisme. Il y a ainsi de superbes pages bien explicites.
Pour conclure, Love in the Hell – tome 1 de Reiji Suzumaru est une bonne surprise. Je ne comprend pas en quoi il est considéré comme érotique, mais ça reste un très bon divertissement. Ce manga regorge de bonnes idées, d’humour et de délires funs et débiles.
Le mélange humour gore, un petit côté sexy et un côté stupide fonctionne vraiment bien. Le monde présenté et l’ambiance mise en place font mouche d’emblée et donnent déjà une personnalité à ce titre. On s’attache à ce duo de personnages, à leurs situations et aux différents gags. L’intrigue mériterait d’être plus détaillée et la narration d’être plus fine.
Il y a beaucoup de bonnes idées dans ce Love in the Hell servi par un graphisme convaincant.
Ça reste un petit plaisir coupable de lecture, un peu con sur les bords mais addictif et attachant. Ne pas le lire serait un péché, qui pourrait être sévèrement puni !
Et vous qu’avez-vous pensé de ce titre improbable ? Comprenez-vous sa classification dans la collection Erotica de l’éditeur ?