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Fant'asie - Sunny – tome 1 de Taiyô Matsumoto

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Sunny - tome 1 de Taiyô Matsumoto

Sunny – tome 1 de Taiyô Matsumoto

Le quotidien d’un centre pour enfants abandonnés

Sous l’énigmatique nom de Sunny se cache le dernier titre de Taiyô Matsumoto que l’on connait notamment pour Amer Béton.

Sunny est un manga social basé sur des tranches de vie d’une maisonnée recueillant tout un tas d’enfants abandonnés. Nous découvrirons donc leur histoires et leur quotidien.

Sunny – tome 1 de Taiyô Matsumoto est édité par Kana et est disponible à la vente depuis le 21 novembre 2014.

Résumé de Sunny 1 chez Kana

Résumé de l’éditeur :

Un centre pour enfants qui, pour une raison ou une autre, doivent vivre éloignés de leurs parents accueille le jeune Sei. Ces gamins aux fortes personnalités souffrent pourtant de solitude. L’épave d’une Nissan Sunny abandonnée dans le jardin va devenir le lieu de tous les possibles !

Une galerie de personnages touchants

Sunny doit son titre à un modèle automobile de la marque Datsun Nissan, très en vogue dans le Japon des années 70. Et c’est un véhicule de cette marque qui se trouve en panne dans le jardin de la pension Hoshi no Ko. Cette voiture permet surtout aux enfants de s’évader de leur triste vie.

Oui Sunny c’est l’histoire d’une pension qui recueille tout un groupe d’enfants abandonnés par leurs parents pour diverses raisons. C’est un manga que l’on pourrait qualifier de tranches de vie, qui s’attarde sur le quotidien de ces enfants, avec leurs peines et blessures mais aussi dans leurs moments plus joyeux.

Chaque enfant recueilli a un profil, un caractère, une histoire et des blessures différents. Ils essaient de vivre en communauté, ce qui n’est pas toujours facile, surtout dans un foyer.

Au travers d’histoires distinctes, Taiyô Matsumoto tire le portrait de toute une galerie de personnages émouvants et attachants. Bien que parfois un peu caricaturaux, ces enfants dégagent une vraie puissance émotionnelle. On ressent la tristesse dans leur attitude, le profond manque de leur parent. Sauf que le mangaka ne tombe pas dans le pathos gratuit. Ces touches émouvantes et tristes sont distillées intelligemment au travers, d’un pot de crème Nivea, de trèfles à quatre feuille, ou encore quelques dialogues tantôt drôles, tantôt grave. Pourtant malgré leur condition, ces enfants continuent de vivre et nous partageons avec eux leur moment de bonheur, de jeux, et de solitude.

L’auteur, bien que n’ayant pas encore totalement développer ses personnages, notamment en ce qui concernent leurs blessures, parvient à bien les dépeindre. Il met bien en avant les différents caractères. Chaque personnage a une vision de la vie, une façon d’appréhender la situation qui lui est propre. Tous ne cherchent pas la même chose et ne vivent pas la situation de la même façon.

Il est également très juste pour faire ressentir le côté maussade de leur quotidien, la sensation de continuer à vivre malgré l’absence des êtres aimés et cette sensation d’abandon et de vie en marge de la société. Mais Matsumoto fait preuve de retenu et de dignité qui font du bien avec un thème si lourd. Les émotions sont bien au coeur du récit, mais sans jouer la carte du pathos. Il y a presque une sorte de résignation de cette situation pour les enfants mais aussi pour l’auteur. Il se contente presque d’accepter cette situation et de ne pas aller trop loin dans son traitement.

Le choix de narrer des histoires presque décorrélées est un choix pertinent. Ce dernier n’empêche pas de travailler chaque personnage, bien au contraire, mais évite aussi d’alourdir l’ambiance. Chaque épisode se focalise sur un épisode plus ou moins ordinaire de leur quotidien. Car leur quotidien n’est jamais tout à fait le même que chez les autres enfants. Surtout que leur état d’esprit les fait vivre presque au jour le jour, comme si « avenir » était un mot abstrait pour eux.

Au-delà des enfants, même si pour le moment ils sont un peu secondaires, il y a quelques adultes pour encadrer ses jeunes pensionnaires. Eux aussi un potentiel intéressant dans leur empathie et dans la façon dont il essaie de se substituer aux parents manquant, ou à défait de combler un peu le vide dans le cœur des enfants.

Ce seinen est très poignant, juste et humain. Il aborde également de grandes thématiques comme l’abandon, vivre sa vie sans avenir, la notion de communauté et d’entraide, mais aussi l’épanouissement personnel dans ces conditions, le besoin de s’évader de son quotidien et une certaine discrimination de la société envers ces laissés pour compte.

Graphiquement, le trait de Taiyô Matsumoto est très particulier et pas très facile d’accès. Même si c’est ce qui fait sa singularité, cela constitue en même temps sans principal défaut. Car entre un titre énigmatique, une couverture qui ne dit pas grand chose de plus, et des graphismes loin d’être standard, Sunny n’est pas très engageant. Et c’est dommage !
Clairement ses dessins ne sont pas grand publics, et très honnêtement c’est pas toujours très beau. Les personnages sont dessinés de façon inconstante et un peu simpliste. Son trait manque de finesse et de précision. Surtout qu’il y a parfois une sensation de vide. Néanmoins, ce style si personnel donne un esprit, une ambiance à ce titre. Il permet de se rendre compte que c’est un titre qui n’est pas grand public, mais qui est très personnel à l’auteur. Mais il faut pouvoir passer outre, une probable mauvaise première impression.

Pour conclure, Sunny – tome 1 de Taiyô Matsumoto est une oeuvre profondément humaine, abordant des thématiques un peu dramatiques, mais sans jamais tomber dans le pathos vulgaire. C’est presque une oeuvre humaniste, qui touche beaucoup le lecteur, au travers de ces scènes du quotidien. Bien que les enfants ne soient pas tant développés que ça, on s’y attache beaucoup.
Pourtant ce seinen de qualité pêche par quelques défauts qui pourront en rebuter plus d’un. En premier lieu, il y a son graphisme si particulier, pas très réussi et loin des standards. Ensuite, la mélancolie qui en ressort, le rythme et le découpage font que c’est parfois un peu lent, voir même contemplatif par moment. On ne s’y ennuie pas pour autant, mais le rythme est lent et linéaire.

Mais personnellement, j’ai beaucoup aimé ce titre tendre et touchant. J’ai hâte de lire la suite et voir comment ces enfants vont évoluer dans ce contexte.

Sunny est un titre à découvrir soi-même. Il n’est pas exempt de reproches, mais il faut vraiment lui laisser une chance.

Et vous qu’avez-vous pensé de ce titre ?


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