Oui, le Japon est sexiste. Mais la France aussi. Si cela se voit plus au Japon, c’est sans doute que certaines différences structurelles donnent l’impression que le pays possède du retard concernant le rapport homme/femme comparé aux autres pays industrialisés, mais aussi car nous ne bénéficions pas d’une production aussi ancrée dans la réalité du quotidien ; car non, les long-métrages hollywoodiens et les téléfilms de TF1 ne reflètent en rien la réalité.
Si je devais expliquer ce retard supposé, je pointerais du doigt deux phénomènes historiques : une sortie tardive de ce que nous pourrions appeler le Moyen-Âge – paradoxalement couplée à une forte imprégnation des mœurs chrétiennes, afin de ne pas offusquer leurs partenaires occidentaux– et un pays tout entier orienté vers l’effort de guerre, dans la première moitié du XXème Siècle. Ce-dernier aspect me parait comme le plus important, puisqu’il s’est accompagné, de la part du gouvernement nippon, d’un renforcement des « rôles » imposés à chaque sexe : d’un côté les hommes, élevés comme des soldats, encouragés à jouer à la guerre, et destinés à mourir au combat comme des samouraïs modernes ; de l’autre les femmes, dévolues au repos du guerrier et chargées de donner naissance à des ribambelles de futurs soldats.
Un phénomène qui a largement contribué à l’émancipation des femmes occidentales, c’est leur participation à l’effort de guerre durant les deux conflits mondiaux, puisqu’elles prirent dans les usines la place des hommes partis au combat. Non seulement il n’était que justice de revoir leur place dans la société après ces événements, mais cela leur a surtout démontré qu’elles pouvaient parfaitement travailler et remplacer leurs homologues masculins, et ainsi se débrouiller sans eux.
Au Japon, toutefois, ce phénomène fût beaucoup plus réduit : jusqu’en 1942, des slogans comme « Soyez féconds et multipliez-vous » (phrase étrangement tirée de la Genèse) montrent bien que leur principale fonction reste de procréer, et non de travailler dans les usines. Peu d’efforts furent entrepris pour les recruter, le gouvernement ne les mobilisant officiellement qu’en Automne 1943. Et, de fait, cela ne contribua pas à faire évoluer l’image de la femme japonaise, qui resta ainsi limitée à ses rôles d’épouse et de mère promus par les instances jingoïstes nationales.
Il est intéressant de noter que si, après la défaite, elles obtiennent le droit de vote et l’égalité des sexes devant la loi, il s’agit d’une réforme imposée par l’occupant américain et non d’une évolution naturelle de leur société. Cela ne correspond pas aux réalités japonaises de l’époque.
Ces événements ont forgé, bon gré mal gré, l’identité de la femme japonaise, et il n’est que logique de la retrouver dans les manga, de manière consciente ou non. Nous pourrions penser que la faible présence des femmes mangaka après la WWII et jusqu’à la fin des années 60 – les rares exceptions s’appelant Machiko Hasegawa ou Miyako Maki – fût insuffisante pour véhiculer une vision plus moderne, mais ce serait oublier qu’une femme est souvent au moins aussi sexiste qu’un homme, sinon plus ; elles ont été élevées dans le même environnement que leurs homologues masculins, et peu feront preuve de revendications féministes dans leurs ouvrages.
Nous remarquerons toutefois que les temps ont quand même changé, entre Ribon no Kishi (Princesse Saphir) et son héroïne capable de se rebeller uniquement car possédant un cœur masculin, et Kakumei Shôjo Utena (Utena, la Fillette Révolutionnaire), dont l’héroïne, subjuguée par un prince charmant, décide non pas de devenir une princesse, mais un prince aussi charismatique que celui de son enfance. Les deux ont pourtant été écrits par des hommes, mais à quarante ans d’intervalle.
Quand je regardais des dessins-animés japonais à la télévision, tout gamin, la question de la place de la femme dans ces séries ne m’a jamais effleuré l’esprit. Déjà car, justement, j’étais gamin, mais sans doute aussi car les séries que je regardais ne se déroulaient que rarement au Japon. Et celles qui pouvaient entrer dans cette catégorie présentaient des personnages féminins plutôt dangereux : les femmes fatales de City Hunter (Niki Larson), les guerrières de Sailor Moon, les délinquantes juvéniles de Kimagure Orange Road (Max & Compagnie), les voleuses de Cats Eye,… De Ranma ½, je me souviens surtout de l’épisode des retrouvailles entre Ranma et Ukyo (Frédérique), fille sur laquelle notre héros verse de l’eau chaude, juste pour s’assurer qu’elle n’est pas tombée dans la même source que lui ; car vu son manque de féminité, elle pouvait tout aussi bien être un homme. Je crois que tout ce que j’en ai retenu, c’est que les Japonaises portent l’uniforme, et que les entraineurs de volleyball sont autorisés à frapper leurs élèves pour les motiver.
C’est donc à l’adolescence que ces questions se sont posé. Ou du moins que, à travers les manga et l’animation japonaise, je fus confronté aux premiers exemples qui me poussèrent à y réfléchir.
Ce que je vous propose ci-dessous correspond avant tout à des tels exemples, à des situations qui m’auront plus marqué que d’autres. Toutefois, il ne faut pas oublier qu’il ne s’agit en rien de vérités, et que chaque auteur ou éditeur aura sa propre vision des rapports homme/femme, lesquels ont de toute façon évolué. Comme mentionné tantôt, il existe un monde entre un Ashita no Joe où les rares personnages féminins sont des castratrices, dont le seul but semble de s’immiscer dans les affaires des hommes et les empêcher de réaliser leurs rêves (à savoir se taper sur la gueule), et un Claymore où la quasi-totalité des combattants sont de sexe féminin, et pas spécialement parce qu’elles auraient une plastique avantageuse.
¤ Maison Ikkoku ou un choc des cultures
Maison Ikkoku (Juliette je t’aime), bien que découvert sur le tard, m’apporta un éclairage sur le Japon auquel je ne m’attendais pas. Parmi les œuvres célèbres de Rumiko Takahashi, il s’agit sans aucun doute de celle la plus fermement ancrée dans la réalité et dans son époque. Ce manga débuté en 1980 narre les aventures de Yusaku Godai, un étudiant « ronin » – comprenez qu’il n’a pas réussi ses examens d’entrée à l’université après le lycée, mais souhaite se représenter à la prochaine session – vivant dans une pension de famille. Après un ultime échec, il décide de changer d’orientation et de devenir auxiliaire dans un jardin d’enfant ; il réussit à trouver un poste, mais celui-ci ne sera que temporaire à moins qu’une place se libère dans l’équipe actuelle. Jusqu’au jour où une de ses collègues annonce se marier. Et là, il se passe un événement qui va me marquer : tout le monde vient féliciter Godai ! En effet, les personnages partent du principe que, comme sa collègue se marie, elle va démissionner. Ce n’est même pas une réaction réfléchie de leur part : cela va de soi, elle va forcément arrêter de travailler. Nous sommes dans les années 80, ce n’est pas si vieux que ça. Maison Ikkoku présente donc un exemple concret et flagrant de différence de mentalité entre la France et le Japon, en défaveur de celui-ci.
Pour la petite histoire, Yusaku Godai possédant une malchance légendaire, sa collègue ne démissionnera pas, son mari et elle ayant convenu qu’elle continuerait encore de travailler quelques temps. Ce à quoi les autres personnages saluent leur modernité. Les années 80.
Précisons tout de même que c’est en 1985, soit pendant la publication de ce manga, que le Japon promulgue l’Equal Employment Opportunity Law, qui doit faciliter l’insertion des femmes dans le monde du travail. Il aura fallu sept ans de débats enflammés pour en arriver à cette avancée, rendant illégale la discrimination des femmes en entreprise.
¤ Les cours de cuisine
De nombreux manga et animes se déroulant en milieu scolaire présentent une situation qui nous paraitrait, aujourd’hui, inimaginable en France (cela ferait hurler les féministes) : les filles assistent à un cours de cuisine, tandis que les garçons pratiquent une activité sportive.
Le cours en question s’intitule katei-ka, correspond à ce que les Anglo-saxons appellent « home economics » – il n’existe pas, à ma connaissance, d’équivalent satisfaisant en Français – et couvre avant tout la gestion du foyer, ce qui implique non seulement la cuisine, mais aussi différentes tâches ménagères, la couture, l’hygiène, l’éducation, ou la comptabilité. Il s’agit d’un enseignement commun au Japon.
Si les mangaka mettent l’accent sur la cuisine, c’est souvent en tant que ressort comique, puisque cela permet de placer un personnage peu féminin – donc incapable de cuisiner, je vous laisse apprécier la logique – dans un environnement qu’il ne maitrise pas, ce qui donne lieu à des explosions et/ou des intoxications alimentaires. Au contraire, cela peut aussi offrir à un auteur la possibilité de souligner la féminité d’un protagoniste qui ne devrait pas l’être, comme dans Kimengumi Highschool (Le Collège Fou Fou Fou) où Dan se fait expulser du cours, lui qui préfère les tâches ménagères aux activités sportives.
Mais ce dernier cas de figure appartient au passé, tout comme l’importance des bains publiques en tant que lieu de vie dans les manga. En effet, en 1989, cette matière est devenue obligatoire aussi bien pour les filles que pour les garçons, le gouvernement partant du principe que les hommes devaient s’impliquer dans la vie de leur foyer, et s’y préparer en conséquence. C’est donc, à mon sens, une avancée positive, même si je note que cette situation-là – les cours de katei-ka suivis à la fois par les garçons et les filles – se retrouve rarement dans les manga et l’animation ; à part dans Cardcaptor Sakura (Sakura, la Chasseuse de Cartes), je n’ai pas d’exemple en tête. Pourtant, parmi les mangaka en activité, certains appartiennent probablement à la première génération ayant connu ce bouleversement.
¤ Le shônen aï, ou une question d’égalité
Dans les années 70 apparait le shônen aï, qui donnera plus tard naissance à une version plus moderne et débarrassé des conventions de la comédie dramatiques destinée au public féminin : le Boys Love.
Plusieurs raisons expliquent la naissance de ce mouvement. Déjà, la présence d’un couple formé par deux individus de même sexe, permet aux lectrices de se reconnaitre dans celui des deux qui leur correspond le mieux, chose impossible dans une romance classique où elles doivent de facto s’identifier au personnage féminin. La choix de deux hommes plutôt que deux femmes s’explique car il permet de montrer plus de nudité, et parce que les auteurs et leur public préfèrent les hommes dévêtus aux femmes.
Néanmoins, une autre raison – évoquée par Moto Hagio– consiste à s’émanciper du rapport homme/femme, qui dans le Japon de l’époque tient au dominant/dominé et se retrouve nécessairement dans leurs œuvres. Avec deux hommes, même si ce rapport de force peut se retrouver, il ne s’agit plus d’une conséquence de leurs sexes respectifs, mais bien de leurs personnalités voire de leur rang social.
¤ Le sexisme comme fantasme
L’amie d’enfance du héros entre sa chambre, lui reproche d’être encore couché alors qu’ils risquent d’être en retard au lycée, et commence à ranger le désordre dans sa chambre tandis qu’il se prépare. Pour le déjeuner, la petite amie du héros lui a préparé un bentô avec amour. Nous sommes dans des clichés, des fantasmes que nous retrouvons dans nombre de séries (harem).
Que nous apprennent-ils ? Que la fille idéale est celle qui supplée à tous les besoins du personnage masculin sans rien demander en retour. Que la fille idéale lui voue un amour inconditionnel. En d’autres termes, la fille idéale, c’est sa mère. Bon, rien de nouveau sous le soleil, me direz-vous, mais ici, c’est encore plus assumé.
Un bon exemple serait Touch (Théo ou la Batte de la Victoire), autre série des années 80. Ici, la mère des héros parait plutôt démissionnaire. Et pourquoi s’en ferait-elle ? Ils ont déjà leur amie d’enfance pour subvenir à tous leurs besoins. Situation type : ils révisent ensemble, l’un d’eux dit qu’il boirait bien un café, et leur amie se lève spontanément pour aller leur préparer. Aucune réflexion à ce sujet : c’est juste normal.
¤ La réalité du quotidien
Bien souvent, comme dans l’exemple de Touch, il n’existe aucune réflexion particulière des mangaka autour de ces sujets, qui se contentent de présenter le Japon tel qu’il est, ou du moins tel qu’ils le perçoivent. Ainsi, dans Six Half, une fille étudiant à Tokyo doit revenir quelques temps dans sa ville natale, pour remplacer sa mère souffrante ; elle nous explique que sans elle, son père et son frère ne pourraient tout simplement pas se débrouiller. Quid de ses propres impératifs ? Sont-ils à ce point inaptes aux tâches ménagères et incapables d’apprendre ? Ces questions n’entrent absolument pas en ligne de compte, et personne ne se les pose.
Les shôjo et les josei – du moins ceux publiés en France, car généralement focalisés sur le quotidien – apportent de nombreuses informations sur cette réalité. Comme expliqué tantôt, il ne faut pas attendre des femmes mangaka qu’elles aillent à l’encontre des principes dans lesquels elles ont été élevées, d’où des œuvres parfois d’un sexisme rare. Comme Kaikan Phrase, manga dont l’héroïne se soumet systématiquement au mâle le plus proche, même lorsque cela lui déplait. Ou encore Fruits Basket et son héroïne passionnée de ménage et de cuisine.
Publié dans les années 70, Seiza no Onna (Les Femmes du Zodiaque) de Miyaki Maki nous offre une vision de son époque par le biais de douze personnages féminins. La plupart se divisent en deux catégories : les femmes indépendantes donc célibataires, et celles qui ont renoncé à leur travail au profit de leur époux.
¤ Les préjugés comme ressort comique
Dans un manga comme Ranma ½, où le personnage principal est un garçon se transformant en fille au contact de l’eau froide, le sexisme est avant tout un vecteur comique, notamment en raison de quelques personnages passéistes. D’un côté, Genma Saotome a promis à sa femme, Nodoka, que leur fils deviendrait un homme viril, et vit dans la crainte qu’elle s’aperçoive que celui-ci est à moitié fille ; il considère d’ailleurs la malédiction pesant sur son fils comme humiliante. De l’autre, Akane est présentée comme une accro aux sports de combat, anormalement violente pour une fille, qui s’essaye régulièrement aux tâches ménagères mais n’aboutit qu’à des catastrophes (surtout culinaires) ; à tel point que son père demandera à Nodoka de « guérir » Akane, en lui apprenant à cuisiner… Là où cela se gâte, c’est que Ranma est beaucoup plus doué que cette-dernière dans tout ce qui touche au féminin selon les standards nippons : sa cuisine, à lui, est mangeable.
Cette opposition entre une ou des filles considérées comme trop peu féminines, et des garçons au contraire très féminins, est une situation assez classique dans nombre de manga. J’ai cité Kimengumi High School, mais il y aurait aussi Otomen, une comédie romantique qui tourne justement autour de jeunes Japonais assumant d’aller à l’encontre des stéréotypes.
Autre situation récurrente : celle des personnages travestis. Dans le but de parfaire leur rôle, ces garçons vont pousser tellement loin leur féminité, d’après l’image qu’ils en ont, qu’ils vont devenir de véritables yamato nadeshiko, des modèles de femmes japonaises selon les anciens standards nippons, alors que celles de leur entourage se bornent à être normales (elles n’ont rien à prouver) ; nous pouvons mentionner Nadeshiko de Shugo Chara, Aoi de You’re Under Arrest (Equipières de Choc), ou encore Yukari de Family Compo. Dans un style légèrement différent, il y aurait Makoto de W Juliette, en couple justement avec une fille largement plus à l’aise en uniforme masculin.
¤ Tokyo Magnitude 8.0, une image de la famille moderne
A l’instar de Maison Ikkoku, certains détails de ce titre – beaucoup plus récent – m’ont interpelé, au-delà de l’histoire qu’il raconte. Au début, nous découvrons la famille des protagonistes, vivant à Tokyo dans un appartement. Ce qui m’a marqué, c’est qu’à la différence de nombreuses séries, la mère travaille sans qu’il soit question d’un commerce familial ou d’une situation extravagante – par exemple : héritière d’une multinationale. Elle ne vit pas non plus seule avec ses enfants. Non, son mari et elle vont au travail, chacun de leur côté, le plus naturellement du monde.
Sauf que, lors d’une scène absolument banale, nous voyons d’abord le mari rentrer et se poser devant la télévision, puis sa femme arriver un peu plus tard et se mettre immédiatement aux fourneaux, tandis qu’il lui reproche de ne pas s’être occupé des enfants. A priori, nous pourrions donc penser que les mœurs n’ont pas tant évolué que ça au Japon, que la femme peut travailler à condition de continuer à remplir son rôle dans le foyer… Mais ce serait terriblement naïf ! Vous pensez réellement que c’est différent en France ? Des cas similaires, où le mari considère que les tâches ménagères reviennent exclusivement à sa femme alors que celle-ci travaille aussi, j’en connais et pas qu’un peu.
Si nous le remarquons plus aisément au Japon, c’est sans doute pour plusieurs raisons : il est plus facile de voir la paille dans l’œil du voisin que la poutre que nous avons dans la face, nous partons d’un à priori négatif sur les relations homme/femme au Japon qui fera que nous interpréterons énormément de situations anodines sous ce prisme, et surtout, les productions françaises – fiction ou publicité – peinent à présenter des familles crédibles et représentatives de notre société actuelle. C’est facile de faire des reproches aux Japonais si nous les comparons à un modèle familial égalitaire et idéal, mais illusoire.
Apparemment, les mentalités évoluent. Mais il n’en demeure pas moins que deux points ne doivent être oubliés : que le Japon possède ses propres spécificités, que les mangaka ne risquent pas de gommer sous prétexte de ne pas offusquer le lecteur étranger, et qu’il ne faut pas non plus sombrer dans la surinterprétation, qui consisterait à voir chaque manga, chaque anime, à l’aune des rapports homme/femme.
En sur interprétant, il y aurait par exemple beaucoup à dire sur Queen Emeraldas, manga à priori consacré à une femme forte comme les aime Leiji Matsumoto, mais en réalité focalisé le plus souvent sur un héros masculin ; l’auteur n’ayant de cesse de rappeler qu’aussi charismatique et aventureuse soit-elle, Emeraldas ne pourra jamais comprendre le cœur des hommes. Mais écrit-il cela par sexisme, ou parce qu’il vise un lectorat masculin qui doit pouvoir se reconnaitre dans son personnage principal ?
De la même façon, Tough ne propose que peu de protagonistes féminins. Là encore, est-ce par sexisme, ou bien parce que ce titre essaye de présenter les arts martiaux d’un point de vue (relativement) réaliste, le héros n’affrontant de fait que des combattants et non des combattantes ?
Pour lutter contre les procès d’intention qui pourraient lui être fait, la famille de Osamu Tezuka impose aux éditeurs étrangers d’inclure un message d’avertissement dans chacun de ses albums, que nous pourrions résumer par « autre temps, autres mœurs ». Certains manga de Shôtaro Ishinomori proposent un texte similaire, précisant aussi que l’auteur met régulièrement en scène des époques reculées de l’histoire nippone, où les mentalités étaient encore bien différentes.
A l’instar d’un Tintin au Congoaujourd’hui rallié par les associations et interdit dans certains pays, il faut prendre les manga comme des témoignages d’un pays, d’un âge, et d’une mentalité, qu’il convient d’analyser et de comprendre au lieu de les juger.
Pendant ce temps, les Japonais se montrent plus prompts à proposer des jeux-vidéo avec des héroïnes plutôt que des héros. Vous avez dit sexistes ?
J’ai conscience que l’article est long, survole de nombreuses pistes de reflexion sans réellement les exploiter, mais il s’agit d’un sujet extrêmement vaste. Déjà en Europe, mais alors dans un autre pays que nous ne connaissons qu’à travers sa production culturelle – même si elle fournit sans doute un excellent indicateur – cela s’avère encore plus casse-gueule. Sans doute vain, aussi, mais certains exemples m’ont surpris et continuent de m’impressionner avec les années.