C’est en 1990 que la Super Nintendo voit le jour et révolutionne au passage le monde des jeux vidéo avec ses 16 BITS. L’occasion rêvée pour les créateurs de s’en donner à cœur joie avec les nouvelles possibilités qu’offrent la console. C’est ainsi que Square et Enix enchaînent les hits… Alors que les joueurs pensent avoir fait le tour des RPG de la console, un petit dernier vient avec ferveur raviver les beaux jours de la machine de BIG N…
Un sérieux prétendant
C’est en 1995 que sort au Japon Tales Of Phantasia, un J-RPG réalisé par Wolf Team plus connu aujourd’hui sous le nom de Namco Tales Studio. Une date qui n’a rien d’anodine puisque ce premier opus d’une désormais prolifique saga devait tenir la barre haute devant des gamers n’ayant connu que le meilleur.
Final Fantasy 4 en 1991, le 5 en 1992 avec Secret of Mana la même année, le 6 en 1993 chez Square… Dragon Quest 5 en 1992, le 6 pour Enix et Chrono Trigger chez Square la même année que Tales Of Phantasia. Je passe volontairement sur Capcom (avec les Breath Of Fire) et Nintendo (Zelda) car les exemples que j’évoque suffisent à vous démontrer que le challenger était rude pour de nouveaux arrivants.
Pourtant, la cartouche de chez Wolfteam va se démarquer de ses concurrents grâce à la présence d’un thème vocal au générique de fin. Peu de RPG en possédait à l’époque, même si aujourd’hui cela semble couler de source d’entendre nos héros clamer leurs attaques en plein combat. Autre fait remarquable : la cartouche fait 48 Mégabits contre les 16 que font la plupart des jeux.
Ceci a donc permis à TOP de se positionner d’un point de vue technologique face à ses aînés mais aussi en terme de développement : Tales Of Phantasia fait honneur aux dernières heures que vit la SNES. Le jeu peut se targuer d’être doté d’un field design de toute beauté, d’un chara-design léché ainsi que d’un système de combat fluide et agréable à suivre.
Mais la beauté ne suffit pas me direz-vous et vous avez bien raison ! Loin de n’être qu’une pale copie des J-RPG de l’époque, le titre de Wolf Team a su se distinguer grâce à des atouts qui lui sont propres, sans trop s’éloigner des sentiers battus. Dans un premier temps, nous allons nous pencher sur l’histoire pour ensuite terminer sur le système du jeu.
Une histoire dans l’air du temps
C’est à croire que tout le monde s’était donné le mot, mais les jeux dont le scénario se basait sur le voyage dans le temps étaient nombreux. La branche américaine de Square nous avait gâtés avec l’excellent Secret Of Evermore, tandis que la japonaise nous avait ravies avec Chrono Trigger. Quant à Nintendo, c’était avec son nouveau Zelda, A link To The Past, qu’il suivait la tendance avec brio.
Tales Of Phantasia n’allait pas changer une recette qui marche et n’a donc pas dérogé à la règle : il sera donc question d’un voyage à travers le temps. Il ne faut cependant pas voir là une quelconque volonté de la part du staff de Wolf Team de se faciliter la tâche. Les histoires temporelles avec effets papillon doivent absolument être bien calibrées sous peine de faire tomber à flot des éléments essentiels du script.
On ne peut que saluer le travail de l’équipe qui a su faire jeu égal avec des adversaires rôdés depuis de longues années. L’histoire est cohérente de bout en bout et se démarque même parfois en soulevant des problématiques matures, souvent par le biais de Dhaos, votre ennemi juré. C’est ainsi que des thèmes comme la place de l’homme dans la société ou encore la notion de bien et de mal viennent s’ajouter en filigrane à l’aventure. Le jeu donnera même naissance à une suite (Narikiri Dungeon sorti en 2010) et à une série d’OAV (sortie de 2004 à 2006 et produit par NAMCO, GENEON ENT, INC,FRONTIER WORK) et a des remake sur PSP/GBA.
Wolf Team a cependant préféré faire comme Secret Of Evermore et limiter les voyages dans le temps selon les besoins du script. Il ne vous sera en effet pas possible de voyager librement entre chaque époque durant le déroulement de l’histoire, contrairement à Chrono Trigger par exemple. Cette linéarité vient probablement d’une crainte de mal gérer cette possibilité.
Ce petit défaut est compensé par votre équipe très attachante : les dialogues sont souvent drôles, parfois profond et on ne peut que s’attacher à cette joyeuse troupe. Mention spéciale à Klarth et Arche qui assurent toute l’ambiance, les autres ont tendance à être un peu trop sérieux (Mint, Cless, Chester et Suzu).
Enfin, on ne peut achever cette partie sans évoquer le travail de Motoi Sakuraba, Shinji Tamura et Ryota Furuta : il s’agit des compositeurs des OST du jeu. On peut admirer le travail des deux premiers sur les trois premiers Tales Of, mais aussi sur Star Ocean (jeu réalisé par une partie de l’équipe de Wolf Team). La bande-son est réminéscente des années 80 avec ses synthé, mais colle parfaitement à l’univers du soft.
Gameplay
TOP dispose d’un menu agréable, entaché cependant par son côté trop fouillis. En effet, les items ont tendance à se chevaucher ou se suivre de façon illogique malgré la possibilité de les classer comme on le souhaite. En ce qui concerne le reste, c’est un sans faute : l’ensemble est clair et très lisible, aéré juste ce qu’il faut.
Contrairement à Tales Of Symphonia, les monstres apparaissent aléatoirement sur la carte. En revanche on retrouve avec plaisir des combats en temps réels qui ont fait le succès de la licence. Vous pouvez au choix contrôler l’un des 5 personnages du jeu (dont un optionnel), les positionner, ou bien régler votre propre avatar afin qu’il suive à la lettre vos consignes. L’IA est particulièrement intelligente, vous pouvez lui faire confiance les yeux fermés.
La montée de niveau se fait de façon classique, c’est-à-dire à force d’emmagasiner de l’expérience. Pour acquérir de nouvelles invocations pour Klarth, il vous faudra soit les vaincre, soit les trouver. Arche apprend des sorts en montant de niveau ou en récupérant des livres de magie. Mint acquiert tous ses sorts en évoluant tandis que Cless doit pousser ses techniques jusqu’à atteindre le pallier des 100%.
Une fois ce pallier atteint, il peut combiner une de ses techniques avec une autre qu’il a aussi poussé à 100% afin d’obtenir une arcane encore plus dévastatrice. Il peut aussi obtenir de nouveaux coups en parlant à des maîtres d’armes, qui bien souvent lui vendent leur technique. En revanche on peut rester sur sa faim concernant les armes : il suffit pour la plupart de les acheter !
Les quêtes annexes sont nombreuses mais restent assez courtes, le vrai plus du jeu réside dans l’ultime défi que représente le colisée et les ruines naines. Elles vous mettront à rude épreuve donc soyez sûrs d’être correctement préparés avant de vous lancer tout feu tout flamme dans la bataille ! En revanche la difficulté est encore une fois absente, sauf pour les derniers donjons cachés.
En conclusion, Tales Of Phantasia est un très bon RPG qui souffre cependant de deux défauts : malgré sa durée de vie raisonnable (comptez un peu plus de 35/40H de jeu en moyenne), les quêtes annexes restent trop faciles et ne représentent pas de vrais défis. Enfin, les boss ne montrent pas trop de résistance face à un level up acharné. Il n’en reste pas moins que l’univers est envoûtant à souhait, alors sus à Dhaos !
