Depuis quelques années, pour mon plus grand plaisir, les jeux indépendants sont en plein boom. Et si la définition de jeu indépendant peut parfois porter à litige (ce n’est pas Ubisoft qui nous dira le contraire), un des aspects bien souvent utilisé dans cette vague indépendante est le retour aux sources visuelles, à la simplicité. La course au réalisme a cédé la place à la stylisation artistique et à l’hommage au rétro. Cependant, il est assez naturel, quand on se retrouve face à un jeu comme Vvvvvv, de se demander si les concepteurs ne vont pas un peu loin dans l’hommage. Le visuel Snes permet des couleurs riches et variées, mais revenir carrément au visuel Commodore fait hausser le sourcil. Qu’à cela ne tienne, je ne vais pas pour autant bouder un jeu qui a autant fait parler de lui depuis sa sortie.
Six petits bonhommes bâtons de couleurs sont dans un vaisseau (qui tombe à l’eau ?… pardon. XD), quand soudain une alerte signale le danger d’un vortex aspirant le vaisseau. Le véhicule se retrouve à errer dans un espace étrange, privé de son équipage disséminé aux quatre coins de ce monde aux caractéristiques bien propres. Nous incarnons donc le capitaine du navire déchu qui va devoir retrouver tous les membres de son équipe et se sortir de cette délicate situation.
Et délicate est un mot faible, car on découvre vite que les particularités de l’endroit sont nombreuses, mais possèdent une chose en commun, la possibilité d’inverser la gravité d’un simple bouton. Et cela tombe bien, car notre petit aventurier ne sait rien faire d’autre que se déplacer. Ce n’est donc pas par les traditionnels sauts que l’on va devoir franchir les obstacles de ce jeu de plate-forme, mais à coup d’inversion de gravité. Et là, on peut se dire que c’est comme le saut… en mieux, même puisque qu’on peut « sauter » super haut.

les "YES" sont des ennemis à éviter… quand je vous disais qu’il y avait un bordel quantique pas possible dans ce jeu !
Mais c’est sans compter le fait que l’on ne peut inverser la gravité que lorsqu’on a les pieds au sol. Chaque « saut » se poursuit donc jusqu’à rencontre un plafond. Et par cette simple donnée se crée un gameplay original et très agréable à manipuler. Entre dépaysement et surprise face à l’exploration volontaire ou non de plusieurs écrans de jeu d’affilée, l’épopée a quelque chose d’absurde, mais de très addictif.
La carte dans laquelle on évolue se dévoile, écran par écran, au fil de nos déambulations, et dans cet amas de débris en tout genres, on distingue bien vite les contours de 5 zones spéciales, recelant chacune une particularité de gameplay supplémentaire.

La carte ne présentant pas un des mondes les plus accessibles, l’espace est heureusement pourvu de nombreux téléporteurs permettant de se déplacer en un instant dans les endroits déjà visités.
Le dérèglement de la relativité spatiale ou autre notion abstraite générée par le vortex nous forcera à rencontrer des plates-formes mouvantes, des ennemis aussi absurdes que quantiques, des lignes flottantes d’inversion de gravité automatique, des tapis roulants, ou encore des boucles spatiales. Autant de situations que seul une grande concentration et beaucoup de persévérance permettront de surpasser, à force de maîtrise du gameplay.
Vvvvvv est donc un plate-former die and retry exigeant, mais tout à fait faisable pour ce qui est de l’aventure principale. Les checkpoints sont nombreux et les réapparitions instantanées. Les morts peu punitives s’enchaînent donc à un rythme effréné, nous motivant toujours un peu plus à avancer.
Collecter les 20 trinkets est par contre une autre paire de manches. Pour exemple, sur les 1000 morts environ que j’ai subies durant le jeu, environ 400 d’entre elles sont survenues dans les 5 mêmes écrans, nargué par le bonus que je n’arrivais pas à rejoindre.

l’écran vous parait un peu dangereux ? sachez qu’en plus, la dalle qui est sous vos pieds ne soutiendra votre poids qu’une seule seconde…
Deux degrés de difficultés, donc, permettant à tout le monde de s’y retrouver. Tout compléter prendra donc environ 4 heures de jeu en prenant son temps, débloquant des modes de jeu en time trial et autres petites option bonus, pour ceux qui veulent prolonger leur séjour dans cet univers attachant.
Car oui, l’univers fait mouche, malgré son visuel plus que simpliste. Les personnages sont mignons à souhait grâce à des petits dialogues biens sentis et leurs deux expressions hilarantes. Et l’ambiance sonore fait le reste grâce à des musiques chiptunes magnifiques dont certaines vaudraient franchement de figurer dans un Megaman.
Vvvvvv est un excellent jeu, qui mérite son succès, qui fait passer de très bons moments, qui oblige à se surpasser si on le souhaite et qui sait nous récompenser de nos efforts. Encore un atout pour le monde indépendant et le jeu vidéo en général.
