
En guise de conclusion d’une première saison extrêmement riche, l’émission BiTS revient avec sa finesse et sa pertinence habituelle sur la notion de transmédia, de ses origines à ses ambitions ou possibilités en termes d’expérience chez les spectateurs.
Au cours de sa présentation, l’émission va regarder du côté du Japon et comment très tôt — à partir des années 60/70 — la production audiovisuelle locale va être penser sous l’angle de différents médias. Avec aussi l’idée d’ancrer ce processus, cette considération dans un état d’esprit où la création artistique ouvre des portes plutôt que de chercher à s’enfermer dans des cases, à se hiérarchiser. Une différence culturelle notable par rapport à, la France.
Ce qui attire plus particulièrement notre attention ici, c’est ce qui concerne ce système de production Japonais, l’occasion de faire une courte parenthèse. À savoir, ces comités de productions qui rassemblent différents partenaires autour d’une table comme une maison d’édition, un fabricant de jouets, une chaîne de télévision, un distributeur… Ainsi, ces partenaires font “évoluer” la licence d’un titre d’un médium à un autre autre, un manga devient un film d’animation ou un film live, avec au passage sa gamme de goodies à faire rêver les fans.Un système qualifiable de “média-mix” plus que de transmédia, dans l’idée qu’il s’agit plus du portage d’un titre vers d’autres médias que du développement narratif d’un univers à travers différents supports. Au fond, Kenshin le manga, l’anime ou le film, c’est toujours la même histoire. L’important, c’est de faire vivre la marque, plus que de proposer une expérience aux spectateurs.
Et c’est bien là le revers de l’approche, car s’il facilite le “voyage” d’une licence, le système des comités tend aussi à réduire l’originalité du produit, à se contenter d’alimenter un public acquis à la cause. Les chaînes de TV peuvent produire des adaptations cinéma de leurs séries phares en profitant d’un partenariat avec un distributeur ou des maisons d’édition qui assurent la visibilité ou la promotion du titre à l’échelle nationale. C’est aussi la possibilité de faire du cinéma, sans impliquer des gens du cinéma — ce qui explique l’appauvrissement du langage visuel en 40 années là-bas, heureusement que les chaînes de TV n’ont pas encore le savoir-faire pour gérer seules la production d’un film d’animation.
À défaut d’ouvrir les portes de l’impossible au public, ce modèle assèche la création en favorisant des liens commerciaux entre partenaires. En réussissant à écraser une concurrence alternative, en placardant sur différents médias le même produit culturel.
Reste plus qu’à attendre la deuxième saison de BiTS !