Coucou, me revoilà ! Après presque un an d’inactivité, principalement due à mes études (eh oui, c’est toujours la faute aux études !) qui m’ont même fait oublier d’écrire un article fêtant l’anniversaire de mon blog, je reviens avec mon avis sur le premier épisode de World End Economica (2011), un kinetic novel de Spicy Tails que j’ai pu choper en version française au stand Kawa-Soft durant une JE. Si ce nom ne vous dit rien, peut-être que vous connaissez au moins le scénariste de ce groupe, Isuna Hasekura, qui n’est autre que l’auteur de Spice and Wolf, un light novel que j’affectionne tout particulièrement et qui a connu des adaptations en anime et en manga. Ce qui m’avait plu dans Spice and Wolf (outre l’adorable déesse-louve Holo, que personne de sain d’esprit ne peut détester), c’était son univers médiéval et le choix du scénariste de se focaliser entièrement sur l’activité d’un marchand ambulant ainsi que ses mésaventures et réussites commerciales. Une histoire qui se passe dans un moyen-âge fictif sans que le héros soit équipé d’une épée et d’une lourde armure pour massacrer tout sur son passage, c’est déjà un premier pas vers l’originalité. Mais en plus, attirer toute notre attention sur un type de passage qui refourgue sa marchandise dans les villages, en rendant ça super attrayant et pas ennuyeux pour un sou, franchement, il y a du niveau (et Holo explique aussi le succès du LN, mais je m’égare un peu…).
En se lançant dans World End Economica, Isuna Hasekura prend le contrepied de ce qui a été fait dans Spice and Wolf. L’univers médiéval de S&W laisse la place à un cadre futuriste, et les échanges commerciaux effectués après avoir écumé des lieues et des lieues sur un attelage sont remplacés par des transactions boursières tout ce qu’il y a de plus virtuel. Dans un tel contexte, Isuna Hasekura s’expose évidemment à la comparaison entre ses deux œuvres majeures, et une question peut ressortir de la bouche des fans de cet auteur : est-ce que World End Economica tient la route comparé à S&W ?
Si vous voulez le savoir, c’est par ici que ça se passe !
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Seize années ont passé après la colonisation de la Lune, et des Terriens de tous les horizons se risquent à quitter la Terre pour un avenir qu’ils veulent meilleur. Pourtant, ce qui les attend au-dessus de leur tête n’est pas l’Éden tant rêvé, mais un univers impitoyable où les riches deviennent plus riches et où les pauvres deviennent plus pauvres, soumis à la dictature d’un seul Dieu : l’argent. Yoshiharu Kawaura, un jeune homme né et élevé sur la Lune, a quitté sa famille pour accomplir son désir le plus cher. Cependant, un obstacle de taille doit être surmonté avant ça : réunir les fonds nécessaires, qui atteignent une somme astronomique qu’une vie entière de travail ne suffirait pas à apporter. Il n’a alors qu’une seule solution : livrer bataille sur le plus grand champ de bataille de la Lune. La Bourse.
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Yoshiharu Kawaura (Haru) : Un jeune homme d’origine japonaise, né et élevé sur la Lune, qui a quitté le domicile familial. Il a un rêve qu’il n’a jamais dit à personne et qu’il compte bien réaliser de son vivant. Méprisant le travail « ordinaire », il est persuadé que la conquête des marchés financiers est la première étape avant de fouler là où nul autre n’a posé les pieds avant lui. Il tâche d’être débrouillard et se muscle le corps pour détenir un avantage face à la faible constitution des humains de la Lune, dont les membres sont peu sollicités par la pesanteur lunaire.
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Hagana : Une mystérieuse fille qui est toujours vêtue de sombre. D’un caractère asocial, elle ne respecte que Lisa qu’elle considère comme une grande sœur, voire une mère. Cette orpheline porte sur ses épaules un passé lourd qui la rend difficile à appréhender. Son immense talent pour les mathématiques fait d’elle un génie que n’importe quelle université voudrait s’approprier, si ce n’était sa condition précaire.
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Lisa : Pétillante et gentille, Lisa travaille dans un restaurant chinois la journée et s’occupe de son église le soir en tant que religieuse. Suivant sa foi chrétienne, elle a recueilli plusieurs personnes avant Hagana et Haru pour les aider dans les moments difficiles. Lisa fait partie des rares personnes sur la Lune à encore s’intéresser aux livres physiques et en détient une collection d’une très grande valeur. L’avarice étant un pêché, elle garde une attitude réservée envers tout ce qui touche à l’argent.
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La première impression qui m’est venue quand j’ai lancé le VN pour la première fois était plutôt mitigée. Le début pose les bases du monde lunaire et fait un rapide état des lieux, sans endormir le lecteur avec des considérations politiques, économiques et sociales barbantes. Le caractère succinct de la présentation est une bonne chose, mais le problème qui m’a rebuté venait en réalité du narrateur, également personnage principal, à savoir Haru. Bien que j’aie trouvé chez Lawrence de Spice and Wolf un certain manque de couleurs, il ne m’a jamais autant irrité qu’Haru au début de l’histoire. Ce gamin était insupportable, je n’arrivais pas à le pifer. Sa tendance à se considérer comme un adulte, à faire comme s’il connaissait la réalité du monde dans lequel il vivait parce qu’il savait gagner quelques sous grâce à la Bourse, tout en étant égoïste et égocentrique, c’était quelque chose de détestable. Sa manière de prendre de haut les gens aussi. Mais bon, on peut lui pardonner parce que de toute façon, il était prévisible qu’il apprenne à s’assagir au fil des évènements. Dans le même cas, il y a Hagana, qui était tout aussi chiante au début avec ses tendances de tsundere un peu au rabais, mais qui va se radoucir par la suite. Si je peux rester sur la comparaison entre Spice and Wolf et World End Economica, IsunaHasekura a simplement pris Lawrence et Holo et a créé des protagonistes en respectant le schéma inversé : ainsi, le Lawrence un peu mollasson et fade donnait naissance au survolté Haru toujours sur le qui-vive, tandis que la Holo super sympa et sociable devant la très froide et asociale Hagana. De même, au lieu d’un univers médiéval, on les met dans un monde futuriste, les marchés réels deviennent virtuels, etc. Le rapprochement est quasi immédiat lorsqu’on connait les deux œuvres. Je vais essayer de moins les comparer entre elles, je sens que ça ne va pas plaire à certains si je persiste dans cette position.
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Si on en revient à World End Economica, il faut aborder un point important, ce qui fait l’originalité même du VN : les transactions boursières. Comme le scénariste s’attend à ce que tous les lecteurs de WEE ne soient pas des traders en herbe ou des diplômés d’une faculté d’économie, école de commerce ou autres, il a tenu à expliquer certains détails pour qu’on ne soit pas trop paumé. L’ennui, c’est que passé la première explication très simple sur la loi de l’offre et de la demande (une notion que tout bachelier en filière économique et sociale connait forcément !), les explications apportées par la suite sont déroutantes. Les subtilités sont telles qu’un profane aurait du mal à s’y retrouver s’il ne passait pas du temps à relire les passages techniques en s’aidant d’un site ou d’un ouvrage. Au final, j’avais la même impression que lorsque je visionnais un épisode de Hikaru no Go ou d’Akagi : j’étais complètement dans les choux, je ne pigeais rien à ce qui était dit, mais nom de Dieu, c’était bien joué ! Sans avoir le savoir nécessaire pour attraper les détails en plein vol, il demeurait possible de ressentir l’excitation dans les moments les plus tendus de l’histoire. Quand la bataille s’annonçait ardue devant l’ordinateur portable de Haru, il n’y avait pas besoin d’être un agrégé en économie pour trouver ça intéressant, d’autant que c’était raconté de manière dynamique. Bien sûr, peut-être que les connaisseurs des mécanismes de la Bourse ne seront pas impressionnés ou hausseront un sourcil devant certains passages, mais à mes yeux de profane, c’était cool. On pourrait tout de même regretter l’absence de plus de clarté dans les explications, avec pourquoi pas des graphiques et images qui permettraient de présenter les mécanismes boursiers sous un angle plus ludique. Pour ceux qui bâillent facilement devant des discours sibyllins, ils auront la déception de devoir traverser des lignes de texte qui ne leur offriront pas grand intérêt.
Quant au développement des personnages, il est classique à l’extrême. Comme l’ai-je déjà dit plus haut, Haru et Hagana ont chacun un caractère irritant qui va muter en quelque chose d’à peu près correct. Tout lecteur un tant soit peu malin s’apercevrait immédiatement que leur relation ne stagnera pas et évoluera vers une proximité plus intime, en dépit d’un bond en avant un peu précipité. Du classique, très classique, et les autres personnages ne feront pas exception à cette constatation. Lisa est la gentille religieuse un peu malicieuse qui fait office de grande sœur ou mère adoptive, Chris est la gamine craintive qui va s’habituer au héros, et il y a Serrault, le « pote » pervers avec un talent caché qui va apporter son aide au tandem.
Sinon, l’histoire en elle-même sent le déjà-vu, bien que certains évènements soient moins prévisibles que prévu (il y a un de ces twists…). Elle n’est pas dénuée de défauts : le rythme est irrégulier, on oscille entre intérêt et désintérêt assez vite, avec des scènes de tension qui s’arrêtent trop vite à mon goût ; le comportement de Haru et de Hagana peut donner des maux de tête au début ; et le thème tournant autour de la Bourse me parait insuffisamment exploité et mériterait d’être mieux exposé. Il y a aussi un truc qui m’obsède et que je n’arriverais pas à classer : la fin du VN. Elle est… frustrante. Ça m’a donné envie de me ruer sur la suite, mais vu qu’elle n’est pas encore sortie… C’est une bonne chose que cette fin provoque chez moi une telle réaction, mais s’il est impossible d’enchainer avec l’épisode 2, c’est moins cool du coup. Mais si je devais choisir entre Spice and Wolf et World End Economica, j’opterai pour la première proposition sans hésiter.
Comme j’ai lu la version française de Kawa-Soft, j’ai pu remarquer quelques fautes d’inattention qu’il faudrait corriger, donc rien de méchant, et des notions qui m’ont fait douter (comme pour la supposée « information d’initié », qui selon le contexte semblait être plutôt un « délit d’initié »). Étant donné que je me suis procuré mon exemplaire directement au stand de Kawa-Soft (en même temps que Katawa Shoujo, que je devrais lire dans le courant de cette année), j’en profite pour glisser un bon point pour la qualité irréprochable de la boite, qui fait bien professionnel.
Pour terminer ce premier épisode, à peine huit heures m’ont suffi.
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C’est assez inégal de ce côté. Après avoir vu la jaquette magnifique du VN, j’ai été un poil déçu par ce que j’ai pu voir pendant ma lecture. Les backgrounds étaient superbes, mais les sprites me paraissent presque grossiers en comparaison (surtout ceux de Toyama et Serrault). Les trente-sept CGs (dont un est plus un background qu’un CG) sont globalement corrects, bien que ternes par moment.
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Les musiques ne sont pas le point fort de WEE. Il y en a de bonnes, comme « Lisa’s theme », « Shine city », « Last 10mins », ou « Sola » mais il y en a des détestables comme « Ride a Bull », qui était au début du VN et qui m’a fait flipper en me laissant penser que le reste des pistes ressemblerait à ce truc. Mais en général, elles ne sont pas mémorables et il y a des instants où on ne se rend même pas compte que la musique n’est plus présente.
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Si je devais comparer le scénario de cet épisode 1 de WEE à Spice and Wolf (ce que je n’ai pas arrêté de faire jusque-là), je dirais que WEE est une déception. Mais si je devais faire abstraction de l’identité du scénariste et cesser de mettre ces deux œuvres côte à côte pour voir lequel est le plus grand, WEE reste un diamant brut qui attend seulement d’être poli et pour lequel j’ai beaucoup d’intérêt. La fin de ce premier épisode m’a fait regretter que la suite ne soit pas encore déjà sortie et m’a laissé dans un état de frustration qui ne se serait pas manifesté si le VN avait été mauvais. En clair, la lecture de WEE a été pour l’ensemble agréable, mais attendez-vous à vous arracher les cheveux à la fin. Heureusement, la traduction de l’épisode 2 est prévue par Kawa-Soft, bien que la date de sortie soit encore loin d’être décidée !
