Shingeki no Kyojin, alias l’attaque des titans fait fureur sur le net depuis un moment. Difficile de ne pas tomber sur un ami fan de l’univers qui te dit qu’il faut absolument voir cette série ! Ok, pas de souci, je m’y suis mis. Et tout en l’ayant globalement beaucoup aimé, j’ai eu tout de même de nombreuses déceptions. Difficile d’en parler sans spoiler donc ne lisez cet article que si vous avez déjà vu la série.
On va commencer par les défauts, tiens. La première moitié de la série est assez irréprochable à mes yeux, hormis quelques passages peut-être un peu trop glauques à mon goût (oh, vous avez un soupçon d’espoir ? Au temps pour moi, on va faire mourir encore quelques personnages auxquels vous commenciez à vous attacher), mais c’est justifié par le caractère implacable de cette guerre inégale et destructrice. C’est une fois les héros affectés aux bataillons d’exploration que l’ensemble se gâte selon moi.
Une grosse cassure de rythme se fait sentir, déjà. Pour donner un souffle à l’histoire générale, je me doute, mais en contraste avec les événements énormes qui se succèdent à un rythme ininterrompu en première partie, je trouve que ça fait un peu caler la machine. L’intérêt de l’aventure est clairement porté hors des murs de la ville et avait donc besoin d’un but symbolisé par l’arrivée du titan femme. Une créature bien badass qui déchire tout. L’enchaînement de combats et de courses poursuites qui s’en suit est bien mené, mais ce sont les motivations qui m’ont laissé plus que perplexe.
Toute l’avancée à cheval durant laquelle des dizaines d’hommes de l’aile droite se font massacrer se fait dans un but inconnu ou du moins très peu explicite. Ensuite, on commence à comprendre que Rivaille et Erwin ont un but précis à entrer dans la forêt, mais le fait d’empêcher Eren de se transformer à coup de « tu n’as pas confiance en nous ? » me gênait déjà un peu. Cependant la révélation du plan de capture justifie le mystère créé dans le but d’éviter les fuites qui auraient compromis la mission.
Sauf que le plan rate en beauté et du propre aveu du Major et de Rivaille, ils ont pêché par manque d’information et leur plan est un échec. Et malgré tout, ils continuent à réclamer la passivité d’Eren avec les mêmes « tu n’as pas confiance en nous ? » … Mais… Mais c’est plus une question de confiance, merde, tout le monde se fait massacrer et il n’y a plus de plan ! Il est plus que temps d’improviser et d’unir tous les atouts disponibles, y compris Eren ! Eh non, il va falloir que les meilleurs hommes de Rivaille se fassent buter aussi de façon bien cruelle et ignoble pour que Eren comprenne ENFIN qu’il fallait agir et se batte… sauf qu’une fois tout seul, il se fait tôler aussi.
Et à mes yeux ces quelques épisodes ont décrédibilisé toute la morale d’esprit d’équipe qui gouvernait les troupes. L’unité qui dirigeait tous ces hommes face à l’adversité m’a paru tellement débile et basé sur de mauvaises décisions que je crois que j’ai perdu confiance en eux.
Et toutes les morts passées que je croyais être pour de bonnes raisons ont eu un goût amer dans mon esprit. Je comprends la volonté de montrer un anime plus réaliste dans la gestion de la mort et de l’implacable, mais si c’est basé sur des motivations que je ne comprends pas ou que je trouve stupide, je n’arrive pas à adhérer, et je n’avais plus qu’une envie, c’est qu’on retourne à des bases plus shonen, à savoir Eren qui unit les troupes derrière lui pour affronter l’ennemi de tous les fronts. Et pour une fois, je crois que ça m’aurait paru vachement plus logique et réaliste.
L’autre gros défaut qui ressort de ces quelques épisodes est le manque total d’avancée de l’intrigue. En comparaison, la première moitié était là encore excellente, avec les deux murs envahis, les morts difficiles, les attaques menées, la transformation d’Eren, le jugement, la dernière chance… que de choses qui nourrissent le scénario ! Alors que dans cette seconde partie, à part l’arrivée de cette femme titan dont on comprend qu’elle a un « pilote », on fait du sur place ! Chaque fin d’épisode passe par un espoir de victoire… et puis en fait non.

J’avais peur de ne pas aimer Rivaille au début, et en fait, il est excellent… surtout quand il passe à l’action, c’est un putain de tueur ! O_o
On capture la femme titan ? Eh non, elle se fait bouffer. Ah en fait elle s’est échappée, alors on va pouvoir savoir qui c’est ? Eh non, elle se retransforme. Alors on va la battre cette fois-ci ? Eh non, elle s’enfuit encore… Et tout ça pour arriver à une révélation de la traître qui arrive comme un cheveu sur la soupe puisque l’explication de comment ils l’ont démasqué n’arrive qu’à l’épisode suivant ! Un choix maladroit selon moi. Il aurait fallu que la découverte de l’identité de la femme titan soit le point culminant de tous ces épisodes à rallonge pour valider tout ça, et non le résultat d’une petite réflexion à tête reposée.
De plus, ces deux défauts ont eu pour effet de faire pas mal retomber mon engouement pour les personnages (qui de toutes façon passent leur temps à crever à tour de rôle). Du coup, la révélation d’Annie ne m’a fait ni chaud ni froid vu que je me rappelais à peine quel rôle elle avait dans l’histoire. Et c’est le cas de pas mal de personnages dont je ne sais même plus si ils ont juste été déplacés en arrière-plan ou bien s’ils sont morts. Heureusement que les trois derniers épisodes m’ont replongé dans une ambiance assez haletante pour me laisser un bon souvenir.

Le côté Titan énervé piloté par un humain fait clairement penser à Shinji dans son EVA hors de contrôle !
Car oui, malgré tout ces commentaires négatifs, la série me laisse globalement un très bon souvenir ! Tout d’abord grâce à la mise en scène qui est super bien maîtrisée. Les moments de tension et de combats sont particulièrement bien chorégraphiés et les déplacements tri-dimensionnels font rêver. Quelques plans fixes dans les scènes calmes peuvent trahir parfois le budget limité des dessinateurs, mais comme il s’agit comme souvent d’économiser pour sublimer les scènes clés, c’est un excellent choix.
Les musiques sont également un vrai délice ! Ce mélange entre tambours et riffs de guitare électriques font un mélange moderne/rétro bougrement efficace. Le premier générique est mémorable et s’écoute avec bonheur le matin au réveil pour se booster pour la journée et si je n’aime pas du tout le début du second générique, j’ai appris à en apprécier tout de même la plus grande partie.

Un jeu vidéo à la Devil May Cry / God of War sur l’univers de Shingeki, ça pourrait déchirer grave !
L’univers est également un gros point fort de la série. Bien qu’un peu maigre en explications pour une première saison, on en sait assez pour se sentir piégé dans cette ville assaillie par des créatures qu’on ne comprend pas. Et l’envie d’Eren de ne pas être un simple mouton dans son enclos devient vite perceptible. Comme tous ces soldats, nous voulons la liberté de vivre partout sur Terre. La sensation de dégoût face aux riches dédaigneux de la populace ou ingrats envers les sacrifices des soldats est également vite révulsante, une sensation là encore très immersive.
Le réalisme des morts et de la froideur des champs de bataille est clairement mis à l’honneur, presque trop pour un divertissement animé, mais cela contribue grandement à la haine que l’on éprouve face à l’injustice de leur monde. La « mort » d’Eren en début de série m’a fait un vrai choc ! On s’attendait tellement à un shonen classique que se voir coupé dans son élan de la sorte est délicieusement déstabilisant. J’ai presque été déçu de voir qu’il n’était pas mort. Quitte à casser les codes du shonen, j’aurais bien aimé que Misaka ou même Armin devienne le personnage central à la mort du héros.
Et enfin j’ai adoré le « réalisme » des détails de l’univers. Le fonctionnement des équipements tridimensionnels, bien que leurs déplacements soient au final aussi peut réalistes que Batman entre les buildings ou Naruto qui plane entre les arbres, ont un fonctionnement précis, reposant sur du gaz, des rouages et des cordes, peuvent tomber à sec ou en panne. Idem pour les déplacement de troupes à cheval à coup de fumigènes de différentes couleurs relayés par différents postes. Des techniques qui crédibilisent beaucoup l’ensemble.
Au final, malgré 6 ou 7 épisodes de déceptions (ça fait quand même ¼ de la série, donc dur d’en faire une totale abstraction), je garde un très bon souvenir de SnK, des émotions fortes, des personnages classes à souhait, un univers intriguant, et une grosse envie de sauver l’humanité en volant entre les maisons et en tailladant des nuques de titans. Et donc une bonne envie d’avoir une saison 2 !
2 dessins par Plumy où elle nous met en scène tous les deux en membres des brigades d’exploration. (http://momijigari.tumblr.com/)
dessin par moi-même sur le même principe (http://meandsoon.tumblr.com/)
