Béatrice est harcelée au travail par son chef Georges, qui la menace de licenciement si elle n’écarte pas les cuisses pour lui. Poussée à bout, elle va accepter le rendez-vous, mais pour mieux piéger l’homme mal intentionné. Lui faisant boire un cocktail étrange acheté à un sorcier Africain lors d’un voyage, elle va contrôler l’esprit et le corps de Georges, le transformant en femme et lui donnant un accent étranger. Détruisant ses papiers, et le menaçant d’expulsion du pays, Georges est obligé de devenir Gisèle, la femme de ménage de Béatrice et surtout son objet de fantasmes sexuels.

dans un milieu d’hommes, Béatrice part perdante et est directement désignée comme instigatrice du harcèlement qu’elle subit… une injustice trop souvent réelle.
Contenu coquin pour adulte coquin.
Telle est la mention estampillée sur la couverture de la BD et qui est très vraie. Malgré le thème, l’histoire ne se contente pas d’enchaîner les passages érotiques ou pornographiques. Le scénario est élaboré et étoffe parfaitement les personnages, leur donnant une personnalité tantôt touchante, tantôt affreuse, et globalement très humaine, et la satire sociale mettant en avant les inégalités entre hommes et femmes dans la société est évidente. Mais la domination physique et psychologique de Gisèle se jouant en grande partie par le sexe, les scènes coquines sont nombreuses et émoustillantes par les situations comme par le trait très agréable du dessinateur.
Et surtout, il s’agit là de sexe libéré ! Oui, ça peut paraître curieux vu le principe de domination entre les deux personnages, mais c’est ça qui fait le sel de l’histoire. Une domination machiste de Georges qui va trop loin va se retourner contre lui, offrant tout le pouvoir à Béatrice qui va en user et en abuser, et le nouveau « couple » qui en naît va tout doucement trouver une espèce d’équilibre et de respect mutuel, dans le sexe comme dans la vie de tous les jours. Une voie surprenante, mais très humaine là aussi, et bien rarement mise en image de façon intelligente et avec un humour fin.
Un autre aspect que j’ai beaucoup apprécié est le fait de ne pas s’attarder sur la transexualité. Car oui, j’ai oublié de le préciser, mais Béatrice a dans le passé subi les affres de la boisson magique et s’est vue affublée d’un pénis.

Mais les sensations procurées par son nouveau corps de femme sont bien réelles et il va peiner à les ignorer.
Cet aspect servant évidemment à rendre plus flagrante la domination sexuelle nouvelle de Georges qui va devoir découvrir et apprendre à aimer la pénétration, dernier rempart psychologique de la normalité sociale de l’homme. Mais outre cet utilité, l’auteur ne va pas s’embourber dans la thématique de la transexualité, car c’est un détail. Béatrice a un pénis, et elle le vit bien, et basta, on passe à autre chose. Et dans notre monde où le moindre aspect un peu original de la sexualité est montrée comme une déviance, ça fait plaisir.
Ajoutez à tout cela une relation qui va évoluer avec passion, des personnages secondaires amusants et importants pour l’intrigue, et une fin qui ne tombe pas dans la banalité ou la morale facile, et vous obtenez une bande dessinée de grande qualité que je conseille à tous comme une belle histoire pour adulte traitée de façon adulte.
