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Meido-Rando - Vivre au Japon, petits tracas quotidiens (6)

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la mentalité

Attention a ce titre accrocheur, il ne s’agit pas de critiquer le fond des gens mais de faire un état sur les différences de point de vue entre les français et les japonais, vu par un français.
Pour autant ce texte sera plutôt subjectif, mais je souhaite coucher sur papier mes constats et mon sentiment.

Fumée sans feu

Une expression fort bien trouvée par un compatriote dit « Si les japonnais pensent qu’il y a un problème, tu as déjà un problème ».
Un trois-fois-rien qui vous fait remarquer, et que l’on aurait balayée d’un revers de la main en France peut devenir ici aussi gros qu’un pavé dans la gueule d’un flic.
Difficile de ne pas tomber dans le piège tant les raisons de sortir du rang sont nombreuses, déjà être un étranger…
Un peu de « me datsu »(qui se remarque) peut vous faire passer des moments désagréables sans raison fondée, pire on inventera des raisons a force de gamberger.

Et les japonais ont une expression qui dit « kugi ga deru, kugi tataku »(un clou dépasse, tapons dessus), je vous laisse imaginer…

Le logement

Les français ou plus généralement les occidentaux, voient leur logement comme un lieu de vie a part entière, recevant volontiers leurs amis chez eux pour la soirée ou pour les loger lors d’un passage selon les préceptes « mi casa es su casa », « make yourself home », « fais comme chez toi »…

Les japonais en revanche ont une vue plus restreinte sur la fonction de celui-ci. Globalement, on y dort, prend ses repas, regarde la TV… et ça s’arrête la.
Petit logement ? Pas de problème, c’est juste pour y dormir.

De fait les problèmes de voisinage peuvent se produire rapidement. Avez vous déjà remarqué dans vos séries préférées un personnage s’énervant seul dans sa chambre, pourtant chez lui, quand soudain le frère ainé/sœur ainée/parent déboule en sermonnant « tu déranges le voisinage » ?
Voisinage ? N’était il pas chez lui ? Ou est l’intimité ?
On pourra y voir l’écho de mon article précédent sur le manque d’isolation des logements, tant thermique que phonique…

Retrouver ses amis se fera dans un des innombrables café, pub, izakaya, karaoke qui s’empilent sur des étages dans les abords des gares.
Ceci m’explique en grande partie ces soirées inoubliables sur Paris dans l’appartement de mon sempai en japonais qui avait des allures d’auberge espagnole, presque pas une soirée sans un groupe franco-japonais réunis a discuter de tout et de rien (je n’y étais pas tous les soirs). Pour nos amis japonais cela devait être encore plus mémorable.

Dans la même veine, si comme moi vous jouez d’un instruments cela sera une vraie malédiction.
Vous serez obligé de vous trimbaler votre matos dans un des nombreux studios ouverts 24/24 pour jouer tout votre saoul… ah non, ce n’est bien sur pas gratuit. La solution est de se maintenir a un niveau équivalent a une TV.
Pour les gratteux, je recommande une Ibanez TS9 Tube Screamer et/ou une Blackstar HT Dual avec un petit ampli a transistor pour obtenir du crunch et du sature avec un bon grain de lampe, ou si vous êtes joueur prenez un ampli a tubes de petite puissance et moddez le pour y mettre un OPR et un rectifieur.

Petites boites…

Les Japonais aiment a classer les choses en catégories.
Les gens en font partie, un exemple criant sera ce phénomène apparu au début du 21e siècle de cette génération de jeunes gens désoeuvrés, sans emplois, sans vision.
Ils ne sont ni employés, ni scolarises, ni stagiaires… voila comment est née la case Neet (Not in Education, Employment or Training) permettant de bien y ranger proprement cette catégorie de gens jusqu’ici inconnue…

Maintenant imaginez pour vous pauvre étranger arrivant, non habitué (formaté ?), bousculant au passage l’ordre séculaire de l’archipel…

Mr double face

Les japonais ont depuis une époque si reculée qu’on devra en chercher longtemps l’origine, une ambivalence sociétale.
Il y a d’un coté le sentiment et le désir profond, et de l’autre la façade publique. On vous dira blanc et on le montrera comme tel, mais en réalité on pensera noir.
Cela s’appelle le Honne et le Tatemae (vraie nature et façade).
Ceci permet d’éviter les conflits et faire passer ou adoucir une situation conflictuelle, en gros on ravale sa fierté et on va dans le sens même si on est profondément en désaccord. Cela n’évite pas bien sur les vrais conflits s’il y a lieu mais permet d’en réduire le nombre.
Couplé a un esprit de corps cela vous donne une véritable locomotive sociale et corporatiste !

Cependant, en bon français on regardera cela très négativement, cela donne des gens faux, manipulateurs, malhonnêtes, schizophrènes, pas francs du collier… et j’en passe.
Il faut s’y habituer, mieux s’en servir, un étranger qui maitrise cet outil aura une arme de destruction massive en main. Un japonais ne s’attendra pas a son utilisation de la part d’un étranger.

Rejoignant ce point il sera bon d’éviter le plus possible de recourir a l’aide des japonais.
La phrase « O sewa ni narimasu »(merci de prendre soin de moi) est autant une expression courante de politesse qu’un piége. Même si on vous aidera du mieux que l’on peut, personne n’a envie que vous deveniez un nouveau fardeau a porter.

Ma conclusion : il ne faut pas être « O sewa ». Débrouillez vous le plus possible et ne demandez de l’aide des gens que si acculé sans aucune alternative.


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